L'ours polaire est beaucoup plus vieux que prévu. L'espèce s'est séparée de l'ours brun il y a 600 000 ans et non 100 000 ans. Cela signifie qu'il est mieux équipé pour s'adapter aux changements climatiques, parce qu'il en a connu davantage.

Mais les mâles polaires ont continué à s'accoupler avec des ourses brunes pendant des centaines de milliers d'années, jusqu'à il y a 100 000 ans. Les ourses les choisissaient parce qu'ils étaient plus grands que les ours bruns.

«Les techniques génétiques ont progressé», explique l'auteur principal, Frank Hailer, de l'Université de Francfort, qui a travaillé sur des ours suédois. Il publie ses résultats dans la revue Science. «Jusqu'à maintenant, on avait réussi à n'analyser que l'ADN hérité de la mère. Comme les ours polaires mâles ont continué de s'accoupler avec des ourses brunes et à faire des enfants fertiles, on a pensé que les deux espèces s'étaient séparées il y a 100 000 ans. Mais quand on regarde le génome au complet, la séparation est beaucoup plus ancienne.»

Ce nouvel arbre généalogique signifie que l'ours polaire a vécu jusqu'à une dizaine d'ères interglaciaires, dont certaines ont vu l'Arctique complètement dépourvu de glace, comme on le prédit pour les étés de la fin du XXIe siècle. «On peut donc penser que l'ours polaire est plus résistant aux changements climatiques que prévu, dit le biologiste Frank Hailer. Mais je ne suis pas optimiste. Dans les dernières ères interglaciaires, il n'y avait pas la pression de la chasse et des activités humaines, ni la pollution.»

M. Hailer veut maintenant observer comment l'ours polaire a pu s'adapter à autant de changements climatiques. «Il faudra notamment voir si l'accouplement avec les ourses brunes a pu augmenter les perspectives de survie de l'ours polaire.»