Un grand nombre d'espèces de mammifères carnivores ont perdu le goût du sucré en raison de l'évolution de leur régime alimentaire consistant à ne consommer que de la viande, révèle une étude lundi.

Des travaux effectués précédemment avaient déjà révélé que les chats sauvages et apprivoisés qui se nourrissent exclusivement de viande sont incapables de percevoir le goût sucré à cause de gènes défectueux.

À partir de ces travaux, des chercheurs de l'Institut Monell de Philadelphie (Pennsylvanie), spécialisé dans le domaine des sens, ont décidé de chercher à déterminer si d'autres mammifères strictement carnivores avaient également perdu ce goût du sucré.

Pour ce faire, ils ont étudié les gènes responsables des récepteurs du goût sucré chez douze espèces de mammifères. Et, à leur grande surprise, ils ont constaté que la sensation gustative du sucré avait disparu chez un grand nombre d'espèces carnivores.

«Ce goût du sucre dont on pensait qu'il était quasi universel chez les animaux a été en fait perdu dans l'évolution chez un grand nombre d'espèces, ce qui est vraiment inattendu», souligne Gary Beauchamp, biologiste à l'Institut Monell et principal auteur de cette étude qui paraît dans la version en ligne des Annales de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS).

Ainsi, la préservation du récepteur du goût sucré est étroitement liée aux habitudes alimentaires de l'animal.

Chez les otaries, les otaries à fourrure, le phoque commun, la loutre asiatique ou la hyène tachetée, des espèces exclusivement carnivores, les gènes contrôlant le récepteur du goût sucré étaient défectueux, précise l'étude.

En contraste, ce récepteur était intact chez le protèle --proche des hyènes--, l'ours à lunettes, le raton laveur et le loup roux, des espèces carnivores, mais mangeant également d'autres types de nourriture.