La capacité d'introspection paraît liée au volume de matière grise dans la partie frontale du cerveau révèlent des travaux publiés jeudi qui pourraient ouvrir la voie à des thérapies pour des personnes victimes d'attaque cérébrale ou de traumatisme crânien.

Cette région cérébrale est la partie antérieure du lobe frontal du cerveau située juste derrière les yeux et paraît être plus développée chez des personnes ayant une plus grande capacité de réflexion sur eux-mêmes, selon cette étude britannique publiée dans la revue américaine Science datée du 17 septembre.

Les auteurs sont parvenus à cette conclusion après avoir soumis un groupe de 32 personnes en bonne santé à un test destiné à évaluer leur degré de confiance en eux-mêmes dans leurs réponses à des questions. Ces questions étaient à dessein difficiles, car le but était d'évaluer les différents degrés de capacité des participants à réfléchir à leur propre choix de réponse.

Ces derniers devaient observer deux écrans montrant chacun six différentes formes géométriques dont une seule -des douze- était légèrement plus brillante que les autres.

Non seulement ils devaient sélectionner cette dernière mais aussi évaluer leur degré de confiance dans leur choix.

«C'est comme "Qui veut gagner des millions?"», observe Rimona Weil, de l'University College London, un des co-auteurs de cette communication.

«Un participant introspectif donne sa réponse après y avoir réfléchi et en être sûr alors qu'un autre, moins introspectif, ne sera pas aussi efficace à juger la probabilité que sa réponse est exacte», explique ce chercheur.

Les auteurs de l'étude, dirigée par le Professeur Geraint Rees de l'University College London, ont ensuite examiné le cerveau de ces sujets à l'aide d'un système d'imagerie par résonance magnétique (IRM).

Ils ont conclu que le volume de matière grise dans cette zone est un important indicateur de la puissance d'introspection.

Cette partie du cerveau est le siège de différentes fonctions cognitives supérieures comme celle du langage, de la mémoire de travail et du raisonnement.

C'est également l'une des zones cérébrales ayant subi le plus important développement au cours de l'évolution des primates jusqu'aux hominidés.

Ces chercheurs soulignent néanmoins que cette découverte ne veut pas forcément dire qu'une personne dotée de davantage de matière grise dans cette région du cerveau a de plus grandes capacités d'introspection que les autres.

L'étude établit seulement une corrélation entre la structure de la matière grise et la matière blanche du cortex préfrontal à différents niveaux d'introspection que des personnes pourraient avoir.

La matière grise est formée des neurones, tandis que la matière blanche contient les fibres nerveuses formant le câblage dans le cerveau. Elles sont entourées d'une gaine de myéline protectrice de couleur blanche servant d'isolant et qui facilite la transmission des signaux électriques.

A l'avenir, cette découverte pourrait aider les neurologues à mieux comprendre comment certains traumatismes affectent la capacité d'un individu à réfléchir sur ces propres pensées et actions, estiment les chercheurs.

Une telle compréhension pourrait potentiellement aboutir au développement de thérapies ciblées pour des victimes d'attaque cérébrale ou ayant subi un important traumatisme et qui ne peuvent même pas être conscients de leur état.

«Si on parvient à comprendre la conscience de soi au niveau neurologique, il sera alors possible d'adapter des traitements et de développer de nouvelles techniques d'exercice mental des patients», selon ces chercheurs.