Des paléontologues sud-africains ont découvert dans une caverne près de Johannesbourg un chaînon manquant entre le singe et l'homme. Le fossile de 1,8 million d'années constitue l'une des premières étapes de la marche et de la course en position debout, tout en ayant aussi des caractéristiques des singes arboricoles, notamment les longs bras et une petite taille.

C'est le fils de neuf ans de l'auteur principal de l'étude publiée dans la revue Science ce matin, Lee Berger, qui a découvert le fossile en 2008. Le professeur de l'Université du Witwatersrand a ensuite fait appel à une dizaine d'experts des quatre coins de la planète pour dater les fossiles recueillis durant des fouilles, correspondant à plusieurs individus différents.

La nouvelle espèce, Australopithecus sediba («source» en langue sesotho), vivait dans des cavernes à une dizaine de mètres sous le sommet d'une falaise. Des ouvertures au sommet des cavernes servaient vraisemblablement à la chasse, a indiqué M. Berger dans une conférence de presse téléphonique mercredi matin. «Les animaux tombaient dans les trous et étaient achevés après la chute d'une dizaine de mètres.»

La découverte a suscité un débat scientifique. Certains experts cités dans un commentaire publié dans Science ont avancé qu'il s'agissait d'un cousin de l'Homo sapiens, apparu voilà 200 000 ans, et non d'un australopithèque. Il faut dire que Lee Berger n'est pas étranger à la controverse. En 2008 il avait annoncé la découverte à Palau, en Micronésie, de squelettes d'hommes-nains semblables à ceux découverts en 2004 en Indonésie et surnommés «hobbits», une affirmation qui avait été réfutée par la suite. Il affirme aussi que la célèbre Lucy, le premier fossile découvert de l'espèce Australopithecus afarensis, n'est pas un ancêtre de l'Homo sapiens.