La rapamycine, un médicament antirejet découvert dans les sols de l'Ile de Pâques (Rapa Nui) pourrait devenir une fontaine de jouvence, selon une étude mise en ligne mercredi par le journal Nature.

Les auteurs de l'étude, dont David Harrison (Jackson Laboratory, Maine, États-Unis) et Randy Strong (université du Texas) ont montré que la rapamycine augmente la durée de vie des souris âgées.

La rapamycine devient ainsi le premier médicament capable d'allonger la durée de vie de mammifères.

Les chercheurs ont donné de la rapamycine en complément alimentaire à des souris âgées de 20 mois (l'équivalent de 60 ans chez l'homme), et ont comparé leur durée de vie à celle de souris du même âge, nourries normalement.

Le traitement à la rapamycine a augmenté la durée de vie moyenne des mâles de 9 % et celle des femelles de 13 %, par rapport aux souris non traitées. Il a fait passer l'âge maximal des souris (défini comme l'âge atteint par les 10 % vivant le plus longtemps) de 1094 à 1245 jours chez les femelles et de 1078 à 1179 jours chez les mâles.

Dans une seconde étude, en cours, les souris ont été traitées dès l'âge de 9 mois et une augmentation de leur espérance de vie est déjà observée.

Mais Matt Kaeberlein et Brian Kennedy (Université de Washington, Seattle) mettent en garde les personnes en bonne santé contre la tentation «de prendre de la rapamycine pour vieillir moins vite. Les potentiels effets immunosuppressifs de ce composé suffisent à conseiller la prudence.»

La rapamycine est en effet prescrite aux patients greffés, afin d'éviter les rejets d'organes transplantés.

Toutefois, cette découverte pourrait permettre de développer des analogues de la rapamycine dépourvus d'effets secondaires, dans l'espoir de lutter contre les maladies liées à l'âge.

Si la rapamycine retarde la mort, l'autopsie des souris traitées et non traitées montre que le médicament ne modifie pas les causes de décès.

Selon les auteurs, il pourrait par contre retarder le développement de cancers, ralentir les mécanismes du vieillissement, ou les deux à la fois.

La rapamycine est connue pour diminuer l'activité d'une protéine, TOR, déjà impliquée dans le processus de vieillissement chez les invertébrés.

L'inhibition de TOR avait déjà permis d'augmenter la longévité de la levure, du ver nématode ou de la mouche du vinaigre, mais c'est la première fois que ce résultat est observé chez un mammifère.