Des chercheurs ont mis au jour dans le centre de l'Allemagne une sépulture remontant à l'âge de pierre qui représente la preuve la plus ancienne de l'existence de personnes vivant au sein d'une structure familiale nucléaire, selon une étude publiée mardi dans les Annales de l'Académie nationale des sciences aux États-Unis.

La tombe vieille de 4600 ans contient les restes d'une femme, d'un homme et de deux jeunes. Et une analyse ADN montre qu'il s'agissait d'une mère, d'un père et de leurs enfants. «Leur union dans la mort suggère leur union dans la vie», soulignent les chercheurs.

Les outils et ossements de l'âge de pierre font depuis longtemps l'objet d'études mais on dispose de peu d'indices sur les liens sociaux qui existaient entre les individus à cette époque. «En établissant un lien génétique entre les deux adultes et les deux enfants enterrés ensemble dans la même tombe, nous avons établi la présence de la famille nucléaire classique dans un contexte préhistorique dans le centre de l'Europe», souligne le principal auteur de l'étude, Wolfgang Haak, de l'université d'Adelaïde, en Australie, dans un communiqué.

Les chercheurs ont étudié quatre sites funéraires à Eulau, dans le Land de Saxe-Anhalt, tous remontant à la même époque et contenant des restes d'adultes et d'enfants. Plusieurs des squelettes présentaient des traces de blessures, signe que les sujets avaient été victimes d'une violente attaque.

Un fragment de projectile en pierre a ainsi été découvert dans la vertèbre d'une femme, et un autre individu présentait une fracture du crâne. Plusieurs avaient des blessures à l'avant-bras et à la main suggérant qu'ils avaient essayé de se protéger.

Les chercheurs pensent que les survivants de l'attaque sont plus tard revenus sur les lieux pour enterrer les morts. Outre la famille découverte dans une tombe, une autre sépulture contenait les restes de trois enfants, dont deux issus d'une même fratrie, et ceux d'une femme qui n'était pas leur mère, mais peut-être une tante paternelle ou une belle-mère, selon les scientifiques.

L'équipe a également examiné le taux de strontium dans la denture des squelettes. Cet élément chimique s'accumule dans les dents durant l'enfance et peut constituer un indice renseignant sur le lieu où quelqu'un a grandi.

D'après Alistair Pike, chef du département d'archéologie à l'université de Bristol, les niveaux de strontium relevés suggèrent que les femmes ont grandi dans une région différente de celle des hommes et des enfants. C'est donc un signe que des «mariages» ont eu lieu entre différents groupes, les femmes allant rejoindre leur mari. De tels moeurs auraient joué un rôle important pour éviter la consanguinité et forger des liens de parenté entre diverses communautés.