D'ici un ou deux ans, il sera possible de connaître la hauteur des arbres des forêts du monde entier, grâce à deux nouveaux satellites de la NASA en orbite depuis cet automne.

Cette information sera cruciale pour prévoir l'impact de la déforestation en Amazonie et en Asie du Sud-Est, expliquait le 16 février à la réunion annuelle de l'Association américaine pour l'avancement de la science (AAAS) Laura Duncanson, responsable du lidar GEDI (Enquête globale sur les dynamiques des écosystèmes) arrimé depuis décembre à la station spatiale internationale. Un lidar est un radar au laser qui émet des rayons et mesure la distance des objets en fonction de la lumière laser qui lui revient. Les lidars sont notamment utilisés sur les voitures autonomes. 

Durant une conférence de presse, Mme Ducanson a donné une démonstration d'un lidar similaire à GEDI, qui a produit une image 3D des journalistes y assistant. Les satellites précédents surveillant l'état des forêts ne pouvaient que déceler leur étendue. « Quand il y a de la déforestation, on ne pouvait savoir combien de carbone est perdu, à moins d'avoir des observations sur le plancher des vaches, et il n'y a pas beaucoup d'observations dans les régions où il y a le plus de déforestations, dans les pays pauvres ou émergents comme le Brésil », expliquait Mme Duncanson. 

Les arbres absorbent le CO2 terrestre, un gaz à effet de serre impliqué dans le réchauffement de la planète, par le biais de la photosynthèse. Quand ils sont coupés pour être brûlés ou qu'on les laisse se décomposer, les arbres émettent des gaz à effet de serre comme le CO2 ou le méthane (CH4). Les chercheurs utilisent le mot « carbone » pour désigner les molécules de la végétation pouvant éventuellement être transformées en CO2 ou CH4. 

La quantité de carbone stockée dans les forêts du monde semble par ailleurs être plus grande que prévue, selon son collègue Thomas Crowther, de l'École de haute technologie (ETH) à Zurich, qui participait à la même conférence de presse. « Si la déforestation continue et que le pergélisol fond et que tout le carbone stocké dans les toundras nordiques se retrouve dans l'atmosphère, on se retrouve avec l'équivalent des émissions annuelles américaines », dit M. Crowther.