L'Agence spatiale canadienne demande aux entreprises de lui présenter leurs idées pour tout ce dont on aura besoin pour explorer la Lune au cours des prochaines années, des systèmes électriques pour les rovers lunaires aux techniques innovatrices de prospection minérale.

L'ASC a lancé cette semaine un appel d'offres pour des projets qui permettront au Canada de contribuer aux futures missions spatiales d'exploration robotique et humaine de la Lune.

L'idée est de faire la démonstration des technologies au siège de l'agence à Saint-Hubert, au Québec, l'année prochaine, avec de possibles tests de suivi aux îles Canaries en 2020.

Le Canada travaille déjà discrètement avec des agences spatiales en Europe, au Japon et aux États-Unis sur les prochaines étapes de l'exploration de la dernière frontière.

Étape en vue d'une mission vers Mars, l'agence spatiale américaine, la NASA, dirige le projet Lunar Gateway (passerelle lunaire), un avant-poste qui orbiterait la Lune. Grâce à cette « passerelle », quatre astronautes auraient accès à la surface de la Lune pendant des semaines à la fois, pour effectuer des expériences et des explorations.

On évoque déjà la possibilité de voir le Canada contribuer un rover lunaire sophistiqué pour les missions futures.

« La prochaine étape de l'exploration consiste à aller plus loin dans l'espace, à aller vers la Lune et vers Mars », a expliqué Mike Greenley, le président du groupe MDA, un des leaders de la technologie spatiale.

« Et donc, la prochaine série de projets, au cours des cinq à sept prochaines années, consistera à retourner sur la Lune, puis au cours des 12 à 15 années suivantes, à aller vers Mars. »

Le Canada a une longue histoire d'implication dans l'espace depuis le lancement du satellite Alouette I en 1962 pour étudier l'ionosphère. Depuis 1984, huit astronautes canadiens ont participé à 16 missions et le Canadarm a positionné le pays comme chef de file de la robotique spatiale.

Le dernier appel d'offres permet à l'industrie de proposer des projets comprenant, mais sans s'y limiter :

-des systèmes de propulsion et des roues du véhicule lunaire ;

-des systèmes de guidage, de navigation et de contrôle du véhicule ;

-des systèmes de communication à utiliser sur la Lune ;

-des systèmes de forage lunaire et d'acquisition d'échantillons ;

-des approches de la prospection lunaire.

Les efforts de l'ASC pour recruter l'industrie sont un signe encourageant de l'intérêt du Canada à participer à la prochaine génération d'exploration lunaire, a déclaré M. Greenley.

À mesure que le projet Lunar Gateway se met en branle, M. Greenley s'attend à ce que ses partenaires internationaux demandent au Canada - compte tenu de son expertise - de fournir une robotique fondée sur l'intelligence artificielle pour aider à construire et à exploiter la nouvelle station orbitale.

Le Canada aura également la possibilité de prendre part à des activités sur la surface lunaire, par exemple en concevant et en construisant des rovers et en aidant à l'exploitation minière dans l'espace, ce qui sera essentiel pour extraire les ressources nécessaires à une éventuelle colonie lunaire.

Une coalition d'acteurs du secteur spatial, y compris MDA, a récemment lancé une campagne - #DontLetGoCanada - pour tenter de sensibiliser le public aux réalisations du pays dans le domaine spatial et aux avantages découlant des dépenses et du soutien fédéraux.

M. Greenley aimerait que le Canada élabore une stratégie spatiale complète qui s'appuierait sur des domaines traditionnellement solides tels que la robotique, les rovers et la médecine spatiale.

« Ce sont des investissements de taille substantielle, mais sur une période de 15 ans ou plus, a-t-il dit. Historiquement les Canadiens sont très fiers de notre implication dans l'espace, donc le soutien est là pour les investissements. »