Le Canada lancera cet automne la troisième génération des satellites Radarsat. Le constructeur MDA faisait visiter vendredi les laboratoires où les tests ont lieu sur les trois satellites, à Sainte-Anne-de-Bellevue. Le ministre fédéral des Sciences, Navdeep Bains, a profité de l'occasion pour annoncer un financement de 27 millions dans le secteur spatial, dont le tiers sera dépensé au Québec.

CONSTELLATION

Les deux premiers satellites Radarsat étaient uniques, mais la troisième génération sera une « constellation » de trois satellites plus petits. « Ça nous permettra de repasser plus rapidement au-dessus d'une région où on a détecté quelque chose », explique Guennadi Kroupnik, directeur de projets d'utilisation de l'espace, responsable de Radarsat, à l'Agence spatiale canadienne (ASC), en entrevue durant la visite à Sainte-Anne-de-Bellevue. Le programme, lancé il y a 10 ans, frise le milliard de dollars. La fenêtre de lancement, sur une fusée Falcon 9 de l'entreprise privée SpaceX, couvre tout le mois de novembre. La date plus précise sera arrêtée à la fin août. Le lancement aura lieu en Californie et les satellites devraient être opérationnels trois à six mois plus tard.

AMÉLIORATIONS

Outre la flexibilité assurée par le fait d'avoir trois satellites, la Constellation Radarsat ajoute un système d'identification des balises des navires. « Ça permettra de valider plus rapidement si un navire se trouve quelque part sans avoir une balise active », dit M. Kroupnik. Finalement, le radar aura un mode supplémentaire, appelé « polarimétrie circulaire compacte », qui sera testé dans l'espace. La miniaturisation des composants des trois satellites, par rapport à leurs deux prédécesseurs, signifie que chacun des 100 à 200 modules de réception et de transmission des deux antennes est jusqu'à cinq fois plus performant que ceux de Radarsat-1 et jusqu'à 1,5 fois plus performant que ceux de Radarsat-2, selon Jean-Michel Lévesque, ingénieur chez MDA.

UN PÉPIN

L'automne dernier, lors d'un test thermique dans un laboratoire de l'Agence spatiale à Ottawa, un problème à l'antenne a été détecté. « On a travaillé fort avec les fournisseurs des différentes composantes pour finalement identifier un module fabriqué par une entreprise allemande, dit M. Kroupnik de l'ASC. Il y avait deux modules par satellite, nous les avons tous remplacés. » Le problème a forcé le report du lancement, qui était au départ prévu pour juillet. Un document obtenu par La Presse grâce à la Loi sur l'accès à l'information indique que l'impact de ce retard a été évalué avec précision dès décembre dernier - aucun nouveau retard ne s'est ajouté depuis.

LES TESTS

Outre les tests thermiques à Ottawa, les trois satellites ont été enfermés dans des « chambres anéchoïques » qui coupent tout son et toute interférence électromagnétique. « Quand on est dans la chambre, on entend son coeur battre », dit M. Kroupnik. Ensuite, ils ont été soumis aux vibrations du lancement, et enfin, préparés pour le lancement avec une enveloppe spatiale et une protection supplémentaire pour les deux antennes. « Après, on teste toutes les composantes pour vérifier que nous n'avons pas déplacé de câbles en mettant les enveloppes spatiales », dit Jean-Michel Lévesque.

D'AUTRES CONTRATS

Parmi les subventions spatiales annoncées hier par le ministre Bains à Sainte-Anne-de-Bellevue, on compte 3,5 millions accordés à MDA pour un nouveau système de propulsion électrique ainsi qu'un meilleur système de contrôle pour les satellites. D'autres entreprises québécoises qui bénéficieront de la manne fédérale sont ABB, à Québec, pour l'amélioration de capteurs, et DPL Science, à Saint-Lazare, pour une technologie de protection des satellites contre les surcharges.

- Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse

Photo David Boily, La Presse

Navdeep Bains, ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique, hier, en marge de l'annonce d'un financement de 27 millions au secteur spatial du pays. On le voit ici en conversation avec Jeremy Hansen, astronaute de l'Agence spatiale canadienne.

Photo David Boily, La Presse

Guennadi Kroupnik, directeur de projets d'utilisation de l'espace, responsable de Radarsat, à l'Agence spatiale canadienne

L'AVENTURE RADARSAT

1995

Lancement de Radarsat-1

2013

Fin de la mission de Radarsat-1 (la mission devait à l'origine prendre fin en 2001)

2007

Lancement de Radarsat-2

2014

Fin prévue de la mission de Radarsat-2, qui est toujours opérationnel

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5,3  MILLIARDS

Taille, en dollars, du secteur spatial canadien

9930

Nombre d'emplois liés au secteur spatial canadien

3300

Nombre d'emplois liés au secteur spatial québécois

SOURCE : AGENCE SPATIALE CANADIENNE