L'année 2018 sera plus occupée que d'habitude pour l'Agence spatiale canadienne. Après une absence de cinq ans, un astronaute canadien sera finalement de retour en orbite quand le Québécois David Saint-Jacques s'envolera pour la Station spatiale internationale (SSI) en novembre.

Aucun Canadien n'a séjourné à bord de la SSI depuis 2013, lorsque Chris Hadfield a complété une mission de près de cinq mois.

M. Saint-Jacques, qui est à la fois ingénieur et médecin, décollera à bord d'une capsule russe Soyouz.

L'homme de 47 ans deviendra le neuvième Canadien à voyager dans l'espace. Il sera accompagné d'un astronaute américain et d'un cosmonaute russe.

M. Saint-Jacques, qui sera également copilote de la capsule russe, a expliqué qu'il consacrait beaucoup de temps à se préparer pour le décollage.

« Il faut être prêt sur le pas de tir, faire décoller cette fusée et savoir tout ce qu'on doit savoir, donc c'est pourquoi la formation prend plusieurs années », a-t-il indiqué lors d'une récente entrevue avec La Presse canadienne.

M. Saint-Jacques devra aussi composer avec la charge psychologique qui accompagnera son éloignement non seulement de la planète, mais aussi de sa femme et de leurs trois jeunes enfants âgés de six ans, quatre ans et un an.

« C'est un défi énorme de trouver l'équilibre entre la vie personnelle, la vie de couple et la vie professionnelle - pour que tout fonctionne ensemble », a confié l'astronaute.

Entraînement intense

Le président de l'agence spatiale, Sylvain Laporte, a confirmé que M. Saint-Jacques s'entraînait intensément pour sa mission de six mois.

« David m'a raconté que depuis 18 mois, ça a été très exigeant pour lui d'apprendre tout ce qu'il doit savoir et d'être prêt pour sa mission », a-t-il dit.

M. Laporte a ajouté que l'absence canadienne en orbite depuis M. Hadfield n'avait rien d'inquiétant. Il a souligné que le nombre de vols des astronautes canadiens dépend de la contribution du pays à la SSI.

« Nous respectons l'horaire en fonction de nos contributions, donc (cette absence de cinq ans) n'a rien d'anormal », a assuré M. Laporte.

Il a indiqué que les discussions se poursuivaient avec l'agence spatiale américaine, la NASA, pour organiser un vol pour l'astronaute canadien Jeremy Hansen.

« Si rien ne change, ça prendra un autre cinq ans », a-t-il prévenu.

M. Laporte a toutefois précisé que M. Hansen pourrait s'envoler plus rapidement à bord d'un des vaisseaux commerciaux qui sont actuellement mis au point par des firmes américaines.

Les deux nouveaux astronautes canadiens, Joshua Kutryk et Jennifer Sidey, poursuivent leur formation de base à Houston et devront attendre leur tour.

D'autres événements prévus

Plusieurs autres événements importants sont inscrits à l'agenda de l'Agence spatiale canadienne en 2018.

Trois satellites d'observation de la Terre - les RADARSAT Constellation - seront placés en orbite vers la fin de l'été. Le coût de la mission est passé de 600 millions à plus d'un milliard de dollars.

Ces satellites surveilleront la circulation maritime et l'Arctique, surtout dans le passage du Nord-Ouest de plus en plus achalandé, où des croisières de luxe sont désormais offertes.

« On doit maintenant s'assurer que les passagers ne seront pas en danger et nous serons en meilleure position si des opérations d'urgence sont nécessaires », a expliqué M. Laporte.

Norman Hannaford, de la firme aérospatiale MacDonald, Dettwiler et associés, explique que le but de la mission est de surveiller le Nord « pour comprendre quels navires entrent dans les eaux canadiennes et ce qu'ils y font ».

Les satellites utiliseront des radars pour repérer les navires et identifier les vaisseaux qui utilisent un système d'identification automatique (SIA).

« Mais, plus important encore, nous pourrons repérer ces "cibles sombres", les navires qui n'émettent pas de SIA comme ils devraient le faire », a souligné M. Hannaford.

L'attention du Canada se tournera aussi vers la sonde OSIRIS-REx au cours des prochains mois.

Cette sonde doit atteindre Bennu, un astéroïde qui se trouve à proximité de la Terre, en 2018, avec l'aide du Canada. Elle prélèvera des échantillons qu'elle ramènera sur Terre en 2023. L'instrument canadien est un appareil au laser qui cartographiera l'astéroïde en 3D pour déterminer où les échantillons seront prélevés.

En échange, le Canada aura droit à 4 pour cent de ce qui sera rapporté.

« C'est l'un des plus vieux astéroïdes de notre galaxie, donc c'est très intéressant de l'étudier puisqu'on pourrait y trouver des choses qui étaient présentes au début de notre système solaire et qu'on ne retrouve peut-être nulle part ailleurs », selon M. Laporte.

C'est aussi en 2018 que commencera la construction d'un nouveau pas de tir près de Canso, sur la côte est de la Nouvelle-Écosse. Ce petit village de pêcheurs pourrait accueillir le seul port spatial canadien actif toute l'année.

L'entreprise Maritime Launch Services compte y lancer une fusée ukrainienne de taille moyenne, la Cyclone 4M.

Le président Stephen Matier précise que les installations compteront trois composantes : le pas de tir près de l'eau, l'endroit où la fusée et les charges utiles seront intégrées, et le centre de contrôle.