Un groupe de chercheurs a découvert un rayon cosmique qui pourrait prouver l'existence de la matière noire, cet élément mystérieux qui composerait plus du quart de notre univers, selon les observations d'un satellite chinois révélées mercredi.

La matière noire est invisible par les télescopes et son existence n'a été déduite que par la force gravitationnelle qu'elle exerce sur d'autres objets célestes.

Le premier satellite astronomique chinois, envoyé il y a deux ans à 500 km d'altitude à la recherche de traces de matière noire, a détecté 1,5 million de rayons cosmiques qui pourraient permettre d'apporter un début de preuve. Ces rayons d'électrons et d'antiélectrons portent en effet des charges de faible énergie inconnues jusqu'à présent.

Ces conclusions d'une équipe composée de chercheurs chinois, italiens et suisses de l'Université de Genève sont publiées jeudi dans la revue scientifique Nature.

«Ce phénomène inconnu peut amener une percée» dans la recherche de la matière noire, espère Bai Chunli, président de l'Académie chinoise des sciences.

«Une fois que nous aurons réuni davantage de données, si nous pouvons établir qu'il s'agit de matière noire, ce sera très important. Et si ce n'est pas ça, ce sera encore plus important parce qu'il s'agira de nouvelles particules dont personne n'avait imaginé l'existence», a-t-il ajouté lors d'une conférence à Pékin.

Le satellite baptisé Explorateur de particules de matière noire (DAMPE selon l'acronyme anglais) poursuit sa recherche de données physiques pour tenter de déterminer la nature exacte de ces rayons cosmiques.

Les concepteurs du satellite affirment qu'il est supérieur à son rival américain, l'AMS-02 (Alpha Magnetic Spectrometer) installé par la NASA dans la Station spatiale internationale en 2011.

«Notre champ de détection de rayons cosmiques est 10 fois plus vaste que celui de l'AMS-02 et trois fois plus précis», a affirmé le responsable scientifique du programme Dampe, Chang Jin.

«Prouver l'existence de la matière noire prendra beaucoup de temps. Nous avons désormais défini le spectre le plus précis, mais nous ne sommes pas sûrs à 100% que cela va nous conduire à la localisation de la matière noire», a-t-il dit.

Le satellite doit pouvoir enregistrer plus de 10 milliards de rayons cosmiques sur toute sa durée d'existence, qui doit se prolonger encore trois ans.