La sonde américaine Osiris-Rex, dotée d'une technologie canadienne de pointe, a décollé jeudi soir à la rencontre de l'astéroïde Bennu, dans le cadre d'une mission de sept ans au terme de laquelle elle devrait ramener des échantillons sur Terre.

À Cap Canaveral, en Floride, des milliers de personnes ont assisté au lancement en soirée de la sonde, qui ressemble à un oiseau avec ses ailes solaires. D'un diamètre de près de 500 mètres, Bennu tourne autour du Soleil en suivant une orbite légèrement plus ample que celui de la Terre.

La sonde robotisée se placera en orbite autour de l'astéroïde, aspirera des débris et rapportera sa récolte jusqu'à la Terre. Les scientifiques espèrent récupérer au moins 60 grammes de matière, mais des tests réalisés sur la terre ferme ont généré une récolte huit fois plus généreuse. Il pourrait donc s'agir de la cueillette la plus importante depuis les missions lunaires.

On retrouve probablement sur l'astéroïde du carbone aussi vieux que le système solaire, soit 4,5 milliards d'années. Il s'agit donc d'une capsule temporelle qui pourrait aider à expliquer comment la vie a pris naissance sur Terre - et possiblement ailleurs.

La mission, qui a aussi pour objectif d'approfondir les connaissances sur les astéroïdes risquant de percuter la Terre, compte sur un altimètre laser canadien. Financé par l'Agence spatiale canadienne (ASC), l'altimètre laser de la sonde compte environ 4000 pièces mécaniques et 3000 composants électriques, et consomme moins d'énergie qu'une ampoule (75 watts), selon les informations de l'Agence spatiale.

L'ASC a indiqué par communiqué que l'instrument produira des cartes tridimensionnelles à haute résolution de toute la surface de l'astéroïde Bennu afin d'aider les scientifiques à choisir le site idéal où sera recueilli l'échantillon qui sera rapporté sur Terre.

En échange de sa contribution, le Canada disposera de quatre pour cent de l'échantillon rapporté, qui sera stocké et étudié au Canada pendant des dizaines d'années.

«Ce «fossile cosmique» est susceptible de révéler aux étudiants actuellement sur les bancs d'école - nos scientifiques et chercheurs de demain - des indices sur les origines de la Terre et du système solaire», a fait valoir la ministre des Sciences du Canada, Kirsty Duncan, présente pour le lancement, au côté du président de l'Agence spatiale canadienne (ASC), Sylvain Laporte.

L'ingénieur responsable de la mission aux États-Unis a expliqué que le bras mécanique de trois mètres d'Osiris-Rex - qui est comparé à une tige à ressort - touchera Bennu pendant tout au plus cinq secondes. Des jets d'azote soulèveront alors un nuage de poussière qui sera aspiré à l'intérieur de la sonde. Les experts pourront procéder à trois essais avant d'épuiser leurs réserves d'azote.

L'absence d'atterrissage sur la surface de Bennu augmente les chances de succès, puisque personne ne sait exactement ce qui attend la sonde sur place.

Osirix-Rex mettra deux ans à rejoindre l'astéroïde. L'échantillonnage n'aura lieu qu'en 2020, après deux années d'observations scientifiques pour choisir le meilleur endroit où toucher le rocher. La sonde de la taille d'un VUS prendra alors le chemin du retour et elle est attendue sur Terre en 2023.

Le coût de la mission est épinglé à 800 millions US (1 milliard CAN).

L'ASC fournit du financement à une équipe de scientifiques canadiens prenant part à l'opération, disant investir au total 61 millions de dollars sur 15 ans dans la mission Osiris-Rex.