Comprendre. Le mot revient sans cesse dans la bouche de David Saint-Jacques. Et s'il faut en croire le principal intéressé, il s'agit de la clé pour cerner cet homme dont le parcours écartelé entre le génie, l'astrophysique et la médecine peut paraître déroutant.

« Ma première obsession, comme enfant, c'était de tout comprendre. C'était une ambition folle, démesurée. Mais j'ai essayé quand même », raconte-t-il à La Presse.

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À l'époque où grandit le jeune David Saint-Jacques, le Canada n'a pas de programme spatial, et la possibilité pour le natif de Québec de devenir astronaute semble pour le moins mince. Mais le garçon prend quand même les astronautes comme modèles.

« Quand j'avais des choix à faire, je me disais toujours : qu'est-ce qu'un astronaute ferait ? L'astronaute ferait du sport, il mangerait bien, il étudierait les sciences, il voyagerait, il apprendrait des langues étrangères, il serait brave et digne de confiance », raconte M. Saint-Jacques.

Enfant, ce besoin de comprendre passe surtout par les livres et la théorie.

Le sport, les expéditions et les voyages deviennent alors partie prenante de la vie de David Saint-Jacques.

Stéphane Desjardins, directeur des projets d'exploration spatiale à l'Agence spatiale canadienne, est à la fois un ami d'enfance et un collègue de David Saint-Jacques.

« David a toujours été un passionné, dit-il. Quand il faisait de la planche à voile, c'était à l'extrême. Il pousse tout le plus loin possible - que ce soit dans le sport ou le domaine intellectuel. »

CAMPS PALESTINIENS

Comprendre est aussi le besoin fondamental qu'éprouve David Saint-Jacques lorsqu'il voit des avions défoncer les tours du World Trade Center, le 11 septembre 2001. L'homme a alors en poche un diplôme de génie physique et un doctorat en astrophysique de l'Université Cambridge, et fait ses études de médecine familiale à l'Université Laval. Il décide d'aller prêter main-forte aux médecins dans les camps palestiniens au Liban.

Aujourd'hui, à 46 ans, c'est justement sa capacité de comprendre qui est vantée en tout premier lieu par les gens qui le connaissent.

« David a une rare capacité à dégager l'essentiel de n'importe quelle situation super compliquée et de la résumer de façon très simple », dit Patrick Desjardins, directeur du programme de génie physique à l'École polytechnique de Montréal, qui a côtoyé M. Saint-Jacques pendant le baccalauréat et l'a revu lorsque Polytechnique lui a décerné un doctorat honoris causa, en 2010.

Lorsqu'il s'installera dans la place de copilote de la capsule Soyouz qui l'amènera vivre six mois dans la Station spatiale internationale, en novembre 2018, David Saint-Jacques sera encore et toujours en train d'essayer de comprendre le monde qui l'entoure.

« L'espace, c'est la dernière frontière, dit-il. C'est le défi d'exploration de notre époque, et je suis heureux, excité et à la fois fier et rempli d'humilité à l'idée d'y participer. »