La planète Cérès, dont les scientifiques peinent à percer les mystères, contiendrait des sels et des argiles riches en ammoniac, ce qui pose une nouvelle question: d'où vient cette planète?

D'abord considérée comme une planète, ensuite comme un astéroïde, enfin depuis 2006 comme une «planète naine», Cérès ne cesse d'intriguer les scientifiques.

Après un périple de sept ans et demi, la sonde américaine Dawn s'est placée depuis mars en orbite autour de cette sphère de roches et de glace située entre Mars et Jupiter, dans le système solaire.

Mais les données envoyées par la sonde ont accru les interrogations des chercheurs plutôt qu'apporter des réponses.

Poussant même l'équipe de chercheurs à solliciter les suggestions du public pour percer les mystères de la boule brune.

Deux études publiées mercredi dans la revue britannique Nature présentent quelques avancées, mais par la même occasion posent une nouvelle question !

Un de ces fameux mystères de Cérès est la présence de plus de 130 zones lumineuses à sa surface, la plupart associées à des cratères d'impact.

Selon les auteurs d'une des études, dirigée par Andreas Nathues à l'Institut Max Planck de recherche sur le système solaire en Allemagne, ces taches seraient dues à la présence d'un type de sels, l'hexahydrit.

Des astéroïdes, en percutant la planète, auraient mis à jour un mélange de glace et de sel. Des zones où la lumière se reflète.

«Les points lumineux de Cérès suggèrent qu'elle possède dans son sous-sol de l'eau saumâtre gelée», explique Andreas Nathues dans un communiqué.

Autre observation de l'équipe, de la brume semble remplir, aux heures chaudes, un des cratères de Cérès appelé Occator.

Selon les chercheurs, cette brume pourrait être de la vapeur d'eau dégagée par la fonte de la glace et elle soulèverait en s'échappant de minuscules particules de poussière et de glace.

Mais, prudents, les chercheurs précisent que cette hypothèse doit être confirmée par de plus amples analyses.

Dans la seconde étude, les membres de l'équipe de la mission américaine Dawn annoncent avoir trouvé des preuves de présence d'argile riche en ammoniac.

Cela «suggère que Cérès est composée de matière accumulée dans un environnement où l'ammoniac et l'azote étaient abondants. Par conséquent, nous pensons que ce matériel ne provient pas du système solaire», a déclaré Maria Cristina De Sanctis de l'Institut national d'astrophysique de Rome et coauteur de l'étude.

Cela veut-il dire que Cérès n'est pas née dans la ceinture d'astéroïdes entre Mars et Jupiter?

Pas forcément. Pour les chercheurs, Cérès a pu aussi être née dans notre galaxie et avoir attrapé des matières dérivant d'une autre.