Philae, qui fêtera bientôt son premier anniversaire sur la comète Tchouri, va-t-il sortir de son mutisme après presque quatre mois de silence ? L'équipe chargée du robot-laboratoire a bon espoir depuis que la sonde européenne Rosetta peut à nouveau se rapprocher de lui.

«Il y a vraiment d'assez bonnes chances pour que nous puissions à nouveau établir un contact avec Philae. Disons 50/50», a déclaré à l'AFP Stephan Ulamec, responsable de l'atterrisseur européen.

«Il faudra pour cela que ses panneaux solaires n'aient pas reçu trop de poussière au cours des derniers mois et que son système de communication avec la sonde Rosetta fonctionne correctement», a ajouté M. Ulamec, de l'agence spatiale allemande DLR.

Après dix ans de voyage comme passager de Rosetta, Philae a réalisé le 12 novembre 2014 une première historique en atterrissant sur Tchouri. Son arrivée a été mouvementée et il a effectué plusieurs rebonds avant de se stabiliser, à l'ombre, entre deux falaises. Le robot, chargé de collecter des informations sur la comète, a réussi à travailler pendant 60 heures avant de s'assoupir faute d'un ensoleillement suffisant pour ses batteries solaires.

Après une longue hibernation, il a créé la surprise en se réveillant le 13 juin. Huit contacts avec la Terre, pas toujours stables, ont eu lieu jusqu'au 9 juillet. Puis le robot s'est tu.

Si l'espoir renaît autour de Philae, c'est que la sonde européenne se rapproche à nouveau de la comète. Pour que le robot puisse communiquer avec Rosetta, il faut que celle-ci se trouve à moins de 200 kilomètres de la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, rappelle M. Ulamec.

Depuis le mois d'août, Rosetta avait été contrainte de s'éloigner nettement de Tchouri, qui rejetait de plus en plus de gaz et de poussières à mesure qu'elle se rapprochait du Soleil. La comète a été au plus près de notre étoile le 13 août, mais depuis elle s'en éloigne.

«L'activité de la comète se réduit depuis septembre. Cela devient propice pour commencer à se rapprocher», explique à l'AFP Sylvain Lodiot, responsable des opérations de vol de Rosetta à l'ESA (Agence spatiale européenne).

Pas plus tard que janvier

Mardi, la sonde se trouvait à 270 km de Tchouri et à 270 millions de kilomètres de la Terre. Dans les prochains jours, elle va descendre encore un peu vers la comète.

«Atteindre l'altitude de 200 km est faisable» prochainement «si tout se passe bien», dit M. Lodiot.

Mais il faut pour cela que les capteurs stellaires, qui permettent à Rosetta de s'orienter grâce aux étoiles, ne soient pas perturbés par une trop grande quantité de poussières. Sinon Rosetta s'éloignera à nouveau. La sécurité de la sonde reste «la priorité», souligne M. Lodiot.

«Nous nous préparons à avoir de nouveaux contacts» avec Philae, déclare Philippe Gaudon, chef de projet Rosetta au Centre national d'études spatiales (CNES) à Toulouse (France).

«Nous sommes raisonnablement optimistes», ajoute-t-il.

Les équipes espèrent que le robot, qui est équipé de dix instruments, pourra alors recommencer à envoyer des données. Il a déjà révélé la présence de molécules organiques, des «briques» de la vie jamais observées sur une comète.

«Si nous voulons refaire des expériences scientifiques, il faudrait que la sonde soit à 100 ou 150 km de Tchouri» afin que les contacts soient meilleurs, précise M. Gaudon.

La mission Rosetta, qui a nécessité plus de vingt ans de travail, cherche à percer l'évolution du système solaire depuis sa naissance, il y a 4,6 milliards d'années, les comètes étant considérées comme des vestiges de la matière primitive.

Quand Philae est-il susceptible de se réveiller? Le jour de son «anniversaire» le 12 novembre? C'est sans doute trop tôt. Plutôt courant novembre ou décembre, s'il n'est pas trop endommagé.

Ensuite ce sera trop tard: «fin décembre ou début janvier, le robot va commencer à se trouver trop loin du Soleil pour être en mesure de communiquer», souligne M. Ulamec.

Philae pourra prendre alors une retraite bien méritée sur Tchouri, en attendant que Rosetta ne le rejoigne en septembre 2016 pour finir sa vie sur la comète.