L'Europe lancera vendredi deux nouveaux satellites destinés à son futur système de navigation Galileo, un programme ambitieux qui a subi de nombreux retards et devrait être pleinement opérationnel en 2020.

Une fusée russe Soyouz emportant le neuvième (Sat-9) et le dixième (Sat-10) satellite de cette «constellation» prévue pour en compter 30, devrait être tirée depuis la Guyane française à 22h08 (heure de l'Est). Le lanceur sera chargé de mettre ces satellites de fabrication allemande (société OHB) sur une orbite située à une altitude de 23 522 km. La mission doit durer environ 3h48.

Si tout se passe bien, un tiers de la constellation aura alors été déployé.

«Nous sommes très confiants. Toutes les revues se sont très bien passées», a déclaré mercredi à l'AFP Didier Faivre, directeur du programme Galileo à l'Agence spatiale européenne (ESA).

«Galileo est sur les rails», estime Stéphane Israël, PDG d'Arianespace, la société française chargée du lancement, interrogé par l'AFP.

Projet emblématique de la Commission européenne, Galileo vise à réduire la dépendance de l'Europe à l'égard du GPS américain, tout en améliorant les services rendus aux utilisateurs grâce à sa très grande précision.

Mais il a essuyé de nombreuses difficultés au fil des ans, accumulant les retards et voyant son coût s'accroître.

Le programme Galileo a déjà coûté 5 milliards d'euros. Pour la période 2014-2020, l'Europe a prévu de dépenser environ sept milliards d'euros.

En août 2014, les satellites 5 et 6 de la constellation avaient été expédiés sur une mauvaise orbite par Fregat, l'étage supérieur de la fusée Soyouz.

Mais depuis les ingénieurs de l'ESA et du CNES (agence spatiale française) sont parvenus à les remettre sur une meilleure orbite.

«Les satellites 5 et 6 seront réintégrés dans la constellation opérationnelle avant la fin de l'année. Ils seront toujours sur une orbite bizarre. Mais pour les utilisateurs, cela ne changera rien», a assuré Didier Faivre.

Ariane 5 dans la danse en 2016

En revanche l'un des quatre satellites «test» fabriqués par un consortium dirigé par Airbus Defence and Space (ex-Astrium) et lancés en 2011 et 2012 a rencontré une défaillance importante et il ne pourra pas fonctionner correctement pour la fonction navigation, a-t-il confirmé.

«Galileo est un programme difficile. Cela dit, nous ne nous en tirons pas si mal», déclare à l'AFP Jean-Yves Le Gall, patron du CNES et coordinateur interministériel pour la France du programme Galileo.

Après le raté d'août, le fabricant russe de Fregat a apporté des actions correctrices sur l'étage supérieur de Soyouz. Et la fusée russe a lancé avec succès les satellites 7 et 8 de la constellation en mars, soit trois mois plus tard que prévu.

«Nous sommes confiants dans la cadence du déploiement. Nous avons fait le tiers du travail, mais c'est le tiers le plus difficile», a relevé M. Faivre.

Après le lancement de vendredi, un nouveau tir de Soyouz avec deux satellites Galileo devrait avoir lieu en décembre.

Ensuite, ce sera au tour de la fusée Ariane 5 ES d'entrer dans la danse. «Il reste encore à qualifier les satellites OHB à l'environnement du lanceur européen», précise Stéphane Israël.

«Cela permet d'envisager un premier lancement Ariane 5 ES Galileo à partir du second semestre 2016», ajoute M. Israël. Ariane 5 emportera quatre satellites à la fois.

La constellation doit comprendre au total 30 satellites, dont plusieurs de secours.

L'Europe espère que dès la fin 2016, Galileo sera en mesure de rendre ses premiers services aux utilisateurs, en apportant un plus à ceux offerts par le GPS - les deux systèmes étant compatibles. Objectif de la Commission européenne : que la constellation Galileo soit totalement opérationnelle en 2020.