L'agence spatiale britannique a levé vendredi le mystère sur la disparition il y a onze ans de Beagle 2, en annonçant -photos à l'appui- que l'atterrisseur de la sonde européenne Mars Express s'était bien posé à la surface de la planète rouge, le jour de Noël 2003.

«Beagle 2, qu'on pensait perdu depuis 2003, a été retrouvé partiellement déployé sur la surface de la planète», a expliqué dans un communiqué la UK Space Agency (Agence spatiale britannique).

Son évanouissement a terni les débuts de la mission Mars Express, première exploration d'une autre planète du système solaire lancée par l'Agence spatiale européenne (ESA), qui se poursuit toujours, en 2015.

Beagle 2 avait été déclaré définitivement perdu le 6 février 2004.

La preuve de son demi-succès a été apportée par des images à haute résolution prises par la sonde américaine Mars Reconnaissance Orbiter (MRO), qui évolue depuis 2006 en orbite martienne.

Elles attestent que le petit module de près de 70 kilos ne s'est pas disloqué à l'impact, contrairement à ce que redoutaient les scientifiques.

Problèmes dans la phase finale d'atterrissage

De fait, l'engin de conception britannique repose -apparemment intact- à cinq kilomètres du bassin poussiéreux d'Isidis Planitia, le lieu prévu de son atterrissage.

Tout contact avait été perdu après le largage du module détaché de la sonde, au terme de six mois de voyage sur plus de 400 millions de kilomètres.

«Les phases complexes d'approche, de descente et atterrissage semblent s'être parfaitement déroulées, et c'est malheureusement dans la phase finale que Beagle 2 a rencontré des problèmes», a commenté David Parker, le patron de la UK Space Agency.

Après avoir déployé ses parachutes et airbags, le module aurait dû déployer l'ensemble de ses «pétales» dotés de capteurs solaires, et commencer à émettre via une antenne.

On ne peut plus parler «d'échec total». «Au moins, il y a eu atterrissage sur Mars», a souligné vendredi le directeur général de l'agence spatiale européenne (ESA), Jean-Jacques Dordain, dans un point de presse à Paris.

La raison exacte de la contre-performance «relève de la plus pure spéculation», a pour sa part souligné le patron de la mission Beagle, Mark Sims, de l'université de Leicester, dans une interview à la BBC.

Il a cependant invoqué «la plus grande malchance. Peut-être un lourd rebond qui a pu distordre la structure... ou une  fuite dans un des coussins gonflables».

Le planétologue britannique Colin Pillinger, considéré comme le père de Beagle 2 décédé en mai dernier, aurait eu recours à une «analogie footballistique», un sport dont il raffolait, pour décrire la nouvelle inespérée annoncée vendredi, a indiqué sa veuve. Il aurait comparé «l'atterrissage réussi (mais) assorti d'une incapacité à communiquer à un tir sur la barre transversale», selon elle.

Des astronautes «martiens»?

La sonde Mars Express, lancée le 2 juin 2003 depuis Baïkonour, au Kazakhstan, par une fusée Soyouz-Fregat, avait notamment pour ambition de déceler d'éventuels signes de vie sur Mars, une hypothèse depuis longtemps agitée par les amateurs de science-fiction.

Beagle 2 était notamment équipé d'une foreuse destinée à recueillir, à deux mètres de profondeur, des échantillons du sol martien.

La sonde Mars Express, orpheline de son atterrisseur, a accumulé les observations scientifiques depuis la disparition de Beagle jusqu'à nos jours.

Elle a pu étudier l'atmosphère de Mars, le vent solaire, la structure de la planète et sa géologie. Elle a dressé une carte en couleur et en relief des volcans, rifts, vallées, calottes polaires et champs de dunes.

Pendant l'été 2008, Phoenix, la sixième sonde américaine à se poser sur l'astre, a découvert de la glace à une faible profondeur dans le sol.

La quête se poursuit. Début décembre, la NASA a lancé avec succès sa capsule non habitée Orion, premier vaisseau américain depuis Apollo, qui pourra transporter des astronautes au-delà de l'orbite terrestre, autour de la Lune et un jour peut-être vers Mars.

L'atterrisseur doit son nom au HMS Beagle, le navire à bord duquel le naturaliste britannique Charles Darwin, auteur de la théorie de l'évolution, a sillonné les mers australes et le Pacifique dans les années 1830.