Les quatre derniers satellites d'un ensemble dont l'objectif est d'offrir un accès internet haut débit aux pays numériquement défavorisés vont être lancés jeudi par une fusée Soyouz : ce sera le premier tir du lanceur en Guyane (France) depuis l'échec de Galileo en août.

Initialement, ce sont deux nouveaux satellites du système européen de navigation Galileo qu'aurait dû emporter le mythique lanceur russe pour son 10e tir depuis le Centre spatial guyanais.

L'Agence spatiale européenne (ESA) a cependant préféré se donner du temps pour tester les deux satellites injectés sur une mauvaise orbite le 22 août par une fusée Soyouz tirée depuis la Guyane département français situé dans le nord-est de l'Amérique du Sud.

Un lanceur Soyouz partira donc du pas de tir de Sinnamary, en Guyane française, jeudi à 13h37, avec à bord quatre satellites d'une autre famille, dite O3b.

Les satellites seront séparés deux par deux, le premier couple environ deux heures après le décollage et le second 22 minutes plus tard.

O3b est l'abréviation de «Other 3 billion», les «trois autres milliards» d'habitants de la planète qui ne bénéficient pas encore de l'internet à haut débit.

Les quatre nouveaux satellites O3b seront placés à environ 8000 km d'altitude, sur une orbite équatoriale où ils rejoindront les 8 premiers satellites de la constellation. Avec ce nouveau lancement, «la constellation O3b sera totalement déployée et pleinement opérationnelle», a souligné la société Arianespace.

Elle a l'ambition de fournir un accès internet haut débit et à faible coût aux marchés émergents d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine, d'Australie et du Moyen-Orient, soit près de 180 pays.

Des satellites géostationnaires fournissent déjà ce type de services, mais leur coût d'exploitation est généralement élevé, tout comme la facture finale pour l'utilisateur.

Le cap des 500 satellites

Conçus par Thales Alenia Space, les satellites O3b sont moins gros (700 kg chacun) que des satellites géostationnaires, sont déployés à plus basse altitude, et peuvent communiquer avec la Terre quatre fois plus rapidement, avec des débits comparables à la fibre optique, assure l'opérateur O3b Networks.

Les 8 premiers satellites ont été lancés quatre par quatre par des fusées Soyouz les 25 juin 2013 et 10 juillet 2014. O3b Networks a démarré son service commercial depuis le 1er septembre dernier.

Avec ce lancement, Arianespace franchira le cap des 500 satellites mis en orbite passant de 498 à 502. Ce sera le 11e de l'année, «une année record avec pour la première fois 11 lancements effectués depuis le Centre spatial guyanais au moyen de la gamme des trois lanceurs : 6 Ariane 5, 4 Soyouz et 1 Vega».

Le dernier tir du lanceur Soyouz depuis la Guyane, cet été, s'était toutefois soldé par un échec, les deux satellites Galileo, Sat-5 et Sat-6, n'ayant pas atteint l'orbite circulaire prévue.

La commission d'enquête a conclu à une anomalie sur l'étage supérieur Fregat du lanceur, un «défaut de conception ciblé et parfaitement compris», selon Arianespace, que l'industriel produisant les Fregat a dû corriger.

De son côté, l'ESA a pu repositionner Sat-5 sur une orbite dégradée, qui n'est pas l'orbite initiale, mais «est mieux adaptée à des opérations de navigation».

Elle a démarré «une campagne d'essai approfondie», et devrait procéder de la même manière avec Sat-6.

Au vu des résultats des essais en orbite, il reviendra à la Commission européenne d'utiliser ou non les deux satellites au sein de la constellation Galileo qui doit se composer à terme de 30 satellites. Quatre premiers satellites «tests» ont déjà été lancés en 2011 et 2012.

Pour Arianespace, il reste à lancer 20 satellites Galileo d'ici 2017.