Des anomalies techniques ont forcé jeudi la NASA à reporter d'au moins 24 heures le lancement d'Orion, premier vaisseau américain depuis Apollo qui sera capable d'emporter des astronautes au-delà de l'orbite terrestre, autour de la Lune et un jour vers Mars.

Prévu initialement à 7h05, le tir avait été retardé à plusieurs reprises, tout d'abord à cause de la présence d'un bateau dans le périmètre de sécurité, puis en raison de vents trop forts.

Ensuite, des anomalies dans des valves des fusées d'appoint du lanceur Delta IV n'ont pas pu être résolues avant la fermeture de la fenêtre de lancement, à 9h44.

La NASA fera donc une nouvelle tentative vendredi à 7h05, à l'ouverture d'une fenêtre de tir de 2 heures 39 minutes.

Ce premier vol d'essai, d'un coût de 370 millions de dollars «est sans aucun doute la mission la plus importante que la NASA effectue cette année», avait souligné William Hill, administrateur adjoint de la NASA pour le développement des systèmes d'exploration. «C'est vraiment le tout premier pas de notre voyage vers Mars», avait-il ajouté.

«C'est un moment très emballant, c'est un peu comme passer le dernier grand examen», a dit tôt jeudi matin avant le report Bill Gerstenmaier, le patron de l'exploration habitée à la NASA.

Après une ascension de 17 minutes, Orion, qui pour ce premier test ne transportera pas d'astronautes, sera mis sur une orbite elliptique et effectuera deux tours de la Terre, dont le second à 5800 km d'altitude, soit près de quatorze fois la distance de la Station spatiale internationale du sol (420 km).

Ce périple de 4 heures et 24 minutes doit se conclure par un amerrissage en douceur dans l'océan Pacifique, à 1000 km des côtes mexicaines de la Basse-Californie.

Ce vol est destiné à tester principalement le bouclier thermique du vaisseau, qui doit résister à des températures de 2200 degrés, ainsi que ses parachutes et ses ordinateurs de bord. Il y a aussi 1200 capteurs pour mesurer les vibrations, le niveau de bruit et la température.

La Lune, un astéroïde, Mars

Les futures missions d'Orion au-delà de l'orbite terrestre dépendront du développement en cours d'un nouveau lanceur de très grande capacité, le «Space Launch System» (SLS).

Au total, la NASA a dépensé jusqu'à présent 9,1 milliards de dollars pour financer le projet Orion.

Ensemble, Orion, dont la forme rappelle le vaisseau Apollo de la conquête de la Lune en 1969, et le SLS devraient coûter au total de 19 à 22 milliards de dollars, selon les estimations.

Après ce premier vol d'essai, le prochain lancement d'Orion, toujours non habité, est seulement prévu en 2018. Ce sera alors le premier vol de la fusée SLS.

Orion, capable dans sa version actuelle d'emporter quatre astronautes pour des missions de 21 jours maximum, fera son premier vol habité en 2021, avec peut-être un survol de la Lune.

De nombreux touristes et fans de l'espace sont venus pour voir le lancement comme le montre le fait que de nombreux hôtels affichent complet, a indiqué un porte-parole de la NASA, Mike Curie.

Quelque 27 000 invités se trouvaient aussi dans l'enceinte du Centre spatial Kennedy, a-t-il dit.

Parmi les missions potentielles envisagées par la NASA pour Orion figure une visite à un astéroïde qui aura été «remorqué» par un vaisseau automatique pour être placé sur une orbite stable près de la Lune.

Et dans les années 2030, l'agence spatiale parle d'un premier voyage vers Mars, un projet qui reste toujours flou étant donné les contraintes budgétaires qui ont gelé le budget de l'agence spatiale.

Selon John Logsdon, ancien directeur du Space Policy Institute à Washington, une fois développé, Orion volera au mieux deux fois par an.