La NASA est prête pour le premier vol d'essai non habité de sa capsule Orion jeudi, destiné à tester la capacité des États-Unis à emporter des astronautes au-delà de l'orbite terrestre, pour la première fois depuis la conquête de la Lune il y a plus de 40 ans.

«Il s'agit du premier pas dans notre voyage vers Mars», avait expliqué en novembre William Hill, administrateur adjoint de l'agence spatiale américaine, estimant que ce test était «sans nul doute la chose la plus importante que la NASA fait cette année».

Capable d'emporter quatre astronautes pour des missions vers la Lune et au-delà, Orion ne fera pas de premier vol habité avant 2021.

La capsule, qui rappelle la forme du vaisseau Apollo, est construite par le groupe aérospatial américain Lockheed Martin.

C'est aussi le premier vaisseau spatial développé depuis 30 ans aux États-Unis. Le précédent, la navette conçue pour évoluer seulement en orbite basse, avait volé pour la première fois avec des astronautes en 1981 et effectué son dernier vol en juillet 2011.

Le lancement de la capsule de 8,6 tonnes est prévu depuis Cap Canaveral en Floride (sud-est) à bord d'une puissante fusée Delta IV de la société United Launch Alliance (ULA) à 7h05 au début d'une fenêtre de tir de 2 heures et 39 minutes.

Les prévisions météorologiques de lundi soir donnaient 60% de chances de conditions favorables au moment du tir, avec un risque de pluies et de vents forts.

Après avoir atteint l'orbite au terme d'une ascension de 17 minutes, Orion effectuera deux tours de la Terre à 5800 km d'altitude, soit près de quatorze fois la distance de la Station spatiale internationale (ISS) du sol (420 km), pour un périple de 4 heures et de 24 minutes, qui se conclura par un amerrissage dans l'océan Pacifique à 1000 km des côtes mexicaines de la Basse-Californie.

Tester le bouclier thermique

Vu l'altitude à laquelle Orion évoluera, elle pourra effectuer un retour dans l'atmosphère à plus de 32 000 km/h avant de se poser dans le Pacifique, freinée par des parachutes.

Ce vol est destiné à tester principalement le bouclier thermique du vaisseau, qui doit résister à des températures de 2200 degrés, ainsi que ses parachutes et ses ordinateurs de bord. Il y a aussi 1200 capteurs pour mesurer les vibrations, le niveau de bruit et la température.

«L'importance de ce vol d'essai est symbolique, car il s'agit de la première étape d'un programme pour emporter, de nouveau, des astronautes au-delà de l'orbite terrestre», note John Logsdon, ancien directeur du Space Policy Institute à Washington, dans un entretien avec l'AFP.

Selon lui, au mieux, Orion ne volera pas plus que deux fois par an pour transporter jusqu'à quatre personnes pendant maximum 21 jours autour de la Lune, et effectuer des rendez-vous avec des modules habitables dit «deep space habitat» de plus grande capacité. Ces modules restent à développer et permettront des missions habitées de longue durée vers Mars.

«Orion est seulement la première étape vers la création des capacités permettant d'aller sur la planète rouge», souligne John Logsdon.

Le coût du programme Orion pourrait atteindre 15 milliards de dollars, selon des experts. La NASA a déjà dépensé près de cinq milliards entre 2005 et 2009. Cette projection de coût ne comprend pas le système de lancement, «Space Launch System» actuellement en développement et qui est également estimé à 15 milliards de dollars.

Ce vol d'essai d'Orion sera le premier depuis deux accidents qui ont impliqué deux sociétés spatiales privées américaines.

Le 28 octobre, une fusée Antares de la firme Orbital Sciences transportant une capsule non habitée avec du fret à destination de l'ISS pour le compte de la NASA, avait explosé quelques secondes après son lancement en Virginie (est).

Une semaine après, l'avion sub-orbital SpaceShipTwo du groupe Virgin Galactic fondé par le milliardaire britannique Richard Branson s'est disloqué en vol tuant le copilote et infligeant un sérieux revers au tourisme spatial naissant dont Virgin est le leader.