La NASA a lancé avec succès lundi la sonde Maven pour comprendre la perte dans l'espace d'une grande partie de l'atmosphère martienne, qui avait permis à la planète rouge d'être propice à la vie dans un lointain passé.

Maven («Mars Atmosphere and Volatile Evolution») sera mise en orbite autour de Mars pour analyser les couches de sa haute atmosphère et les interactions avec le Soleil et le vent solaire. Le lancement de la sonde de 2,45 tonnes à bord d'une fusée Atlas V, du groupe United Launch Alliance, a eu lieu comme prévu depuis la station de l'US Air Force de Cap Canaveral en Floride à 13 h 28 dans un ciel couvert.

La séparation entre la sonde et le deuxième étage du lanceur Atlas est intervenue comme attendu 52 minutes après le décollage, puis 15 minutes plus tard, les antennes solaires du vaisseau - destinées à son alimentation électrique - se sont déployées.

Les responsables de la mission doivent effectuer une série de tests des systèmes de la sonde pour s'assurer de leur bon fonctionnement. Le 3 décembre, ils procéderont à la première de quatre corrections prévues pour aligner précisément la trajectoire de Maven sur sa destination finale. La dernière est prévue le 24 décembre.

La sonde mettra dix mois à atteindre l'orbite martienne, qu'elle rejoindra le 22 septembre 2014 pour une mission d'au moins un an.

Une mission de 671 millions de dollars

Son objectif est de comprendre les changements survenus dans l'atmosphère de Mars: autrefois plus dense, elle était alors propice à la présence d'eau à la surface de la planète. Mais lors d'un changement climatique, la majeure partie de son atmosphère s'est échappée dans l'espace, pointent les scientifiques à l'origine de la mission.

«Quand de l'eau liquide coulait en abondance sur Mars - comme le montrent de nombreux indices - la planète devait avoir une atmosphère plus épaisse qui produisait des gaz à effet de serre lui permettant d'être plus chaude», a expliqué dimanche lors d'une conférence de presse Bruce Jakosky, planétologue de l'Université du Colorado, responsable scientifique de la mission.

«Nous voulons donc comprendre ce qui est arrivé, où sont passés l'eau et le CO2 qui formaient une atmosphère épaisse plus tôt dans l'histoire de la planète», a-t-il ajouté. Avec Maven, «nous aurons une compréhension de l'histoire de Mars et de son potentiel pour la vie, de son habitabilité, qui dépend surtout de l'histoire de l'eau et de son climat».

En analysant la dynamique actuelle de la haute atmosphère martienne, il sera possible de comprendre les changements survenus au fil du temps sur la planète et les effets qui en ont résulté, selon le scientifique.

«Nous avons un ensemble d'instruments à bord qui visent vraiment à trouver les pièces manquantes du puzzle de l'histoire de Mars», avait souligné auparavant David Mitchell, le chef de projet à la NASA. Il a rappelé que «toutes les autres missions martiennes jusqu'à présent, avec les robots ou les orbiteurs, se concentraient seulement sur la surface de Mars».

La sonde Maven, dont la mission coûte 671 millions de dollars, est équipée de huit instruments qui comptent au total neuf capteurs, dont un spectromètre de masse destiné à déterminer les structures moléculaires des gaz atmosphériques et le senseur SWEA (Solar Wind Electron Analyser), mis au point par l'Institut français de recherche en astrophysique et planétologie, qui analysera le vent solaire dans la magnétosphère de Mars.

Après son insertion orbitale et cinq semaines de calibrage des instruments, la sonde se mettra sur une orbite elliptique de quatre heures et demie, qui lui permettra des observations sous toutes les latitudes de toutes les couches de la haute atmosphère martienne, avec une altitude variant de 150 km à plus de 6000 km.

Maven est la seconde mission du programme américain Scout. Il s'agit de petites missions moins onéreuses dédiées à l'exploration de Mars.