Environ 2% du sol à la surface de Mars est formé d'eau, révèle l'étude d'un échantillon effectuée par le robot Curiosity, une découverte qui ouvre de nouvelles perspectives pour l'exploration habitée de la planète Rouge.

«Un des résultats les plus emballants de l'étude du premier échantillon analysé par Curiosity est le pourcentage élevé d'eau dans le sol martien, qui est d'environ 2%», se félicite Laurie Leshin, du Rensselaer Polytechnic Institute, dans l'État de New York, co-auteur de ces travaux parus en ligne jeudi dans la revue américaine Science.

L'échantillon --qui a été chauffé jusqu'à 835 degrés Celsius-- a aussi dégagé des proportions significatives de dioxyde de carbone (CO2), d'oxygène et de composés de soufre, mais l'eau était l'élément gazeux le plus abondant, souligne-t-elle.

Selon cette scientifique, on pourrait tirer environ un litre d'eau de 0,03 mètre cube ( soit un pied cube) de ce sable martien, ce «qui est beaucoup».

«Jusqu'alors Mars était vu --en dehors des régions polaires-- comme un désert très sec, et bien qu'il s'agisse d'une proportion d'eau nettement moindre que celle trouvée dans un échantillon de sol terrestre, c'est substantiel et une importante ressource» pour les futurs explorateurs de la planète rouge, explique-t-elle à l'AFP.

«Cette eau se trouve presque partout sur la planète dans le sol en surface, sous vos pieds et si vous être un astronaute il suffit de chauffer un peu de ce sol pour avoir de l'eau», relève-t-elle.

De l'eau en abondance sur Mars

«Mars est recouvert d'une sorte de couche de sable qui est mélangée et se déplace sur l'ensemble de la planète à cause des fréquentes tempêtes de poussière,  ce qui fait qu'un échantillon de ce sol revient à avoir une collection microscopique de toutes les roches martiennes.... et une bonne idée de l'ensemble de la surface de Mars», pointe-t-elle.

L'eau existe en abondance sur Mars sous forme de glace dans les régions polaires. En 2003, la sonde européenne Mars Express, en orbite autour de la planète, avait confirmé la présence de glace d'eau dans la calotte polaire sud. Peu après elle découvrit la présence d'un pergélisol autour du pôle Nord s'étendant sur des centaines de kilomètres carrés.

Outre les travaux sur l'analyse des gaz dans le sol martien, quatre autres recherches effectuées avec les autres instruments à bord de Curiosity sont également publiées jeudi dans Science. Elles ont permis de faire avancer la compréhension de la nature et de la structure du sol martien, ainsi que le rôle de l'eau.

Arrivé dans le cratère Gale sur l'équateur martien le 6 août 2012, Curiosity, le robot explorateur à six roues le plus sophistiqué jamais envoyé sur une autre planète, a déjà établi que la planète rouge avait été propice à la vie microbienne dans son lointain passé, ce qui était le principal objectif de sa mission de deux ans.

Une étude publiée la semaine dernière avait toutefois douché les espoirs de trouver des traces de vie actuelle sur Mars, en indiquant que Curiosity n' y avait trouvé aucune trace de méthane dans l'atmosphère.

Ces dernières semaines, le robot a repris sa route vers le mont Sharp, distant de huit kilomètres et principale cible d'exploration de la mission. Son périple durera plusieurs mois, d'autant que Curiosity s'arrêtera en chemin pour analyser des formations géologiques jugées intéressantes.

Le pied du mont Sharp suscite un grand intérêt en raison de différentes couches sédimentaires qui pourraient permettre de dater les périodes durant lesquelles Mars était propice à la vie.