Le charisme de Chris Hadfield est sur toutes les lèvres depuis son passage remarqué dans la Station spatiale internationale. Au-delà de son aspect «star», l'astronaute canadien est décrit par ses proches comme un homme travaillant et déterminé, qui a organisé toute sa vie autour d'un rêve: aller dans l'espace. Portrait.

Le 20 juillet 1969, Neil Armstrong pose le pied sur la Lune, enflammant l'imagination de la planète entière.

À ce moment précis, sur une ferme de maïs du sud de l'Ontario, un garçon de 9 ans rivé à son téléviseur se fait une promesse: devenir astronaute.

«Nous sommes probablement des millions à avoir dit la même chose, a raconté cette semaine le garçon en question, Chris Hadfield, près de 44 ans plus tard. Mais de mon côté, le rêve n'était pas seulement difficile: il était impossible. À l'époque, le Canada n'avait aucun programme d'astronautes. Je n'avais pas de chemin à suivre. Il fallait que je devienne Américain ou Russe!»

Chris Hadfield a tenu ces propos jeudi dernier lors de sa première sortie publique après son retour sur Terre, deux jours et demi plus tôt. L'homme venait de passer cinq mois en orbite au cours d'une mission qui l'a hissé au rang de star internationale.

Cette mise en contexte vient rappeler un trait de caractère souligné par ceux qui connaissent bien Chris Hadfield: sa persévérance. Parce que même s'il jugeait son rêve d'enfance impossible, il a mis toute son énergie à le réaliser.

«Bien des gens parlent de faire des choses, souligne son fils Evan. Mais lui a toujours activement travaillé à devenir astronaute. Chaque action qu'il a faite, chaque emploi qu'il a occupé était dirigé vers ce but.»

Pas à pas vers l'espace

C'est en s'engageant dans les cadets de l'air que Chris Hadfield franchit son premier pas vers le cosmos. À 15 ans, le natif de Sarnia décroche une bourse de pilote de planeur. Il se joint ensuite aux Forces armées canadiennes, où il obtient un baccalauréat en génie mécanique.

Chris Hadfield devient ensuite pilote de CF-18 pour le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD). Il se retrouve en Californie dans une école de pilotes d'essai, puis est nommé officier des forces navales américaines. Il participe à des travaux de recherche avec la NASA.

En 1992, c'est la consécration. Chris Hadfield est choisi parmi 5330 candidats pour devenir l'un des quatre nouveaux astronautes canadiens. La NASA le nomme bientôt «capcom principal», un rôle qui fait de lui le principal interlocuteur des astronautes dans l'espace et qu'il tiendra pendant 25 missions.

En novembre 1995, le rêve devient réalité. Chris Hadfield s'envole à bord de la navette Atlantis. En tant que premier spécialiste de mission, il participe à l'amarrage de la navette à la station spatiale russe Mir.

Sa deuxième mission, en 2001, visait à assembler la Station spatiale internationale. Les cinq mois qu'il vient d'y passer constituent son troisième séjour spatial, lors duquel Chris Hadfield a gagné la sympathie du public par ses nombreux échanges avec la Terre.

Plusieurs retiendront de sa mission les photos qu'il a partagées, ses expériences scientifiques filmées en direct ou son interprétation de Space Oddity, de David Bowie. Mais Jeremy Hansen, un jeune astronaute canadien qui considère Chris Hadfield comme son mentor, insiste sur la capacité de travail de l'homme.

«Chris est un astronaute extraordinaire, dit-il. Il exécute son travail vraiment bien. Et c'est pour ça qu'il a le temps de faire ce qu'on l'a vu faire dans l'espace.»

Jeremy Hansen décrit Chris Hadfield comme un homme généreux de son temps et de ses conseils, qui «se soucie sincèrement des autres» malgré son horaire chargé.

Dans ses temps libres, c'est le sport (du ski au squash en passant par l'équitation) et surtout la musique qui occupent l'astronaute. «Je l'ai vu jouer de la guitare toute ma vie», dit son fils Evan, qui aime l'accompagner au ukulélé. Ses idoles sont les chanteurs folk canadiens Stan Rogers et Gordon Lightfoot.