L'astéroïde Apophis, qui doit frôler la Terre en 2029 puis en 2036, a un diamètre supérieur de 20% aux estimations précédentes, selon des données du télescope Herschel, de l'Agence spatiale européenne (ESA), qui a observé ce week-end son approche de la Terre.

Baptisé du nom d'une divinité égyptienne du mal et des ténèbres, Apophis devait s'approcher de la planète bleue aujourd'hui à une distance de 14,4 millions de kilomètres, offrant aux astronomes l'occasion de mieux le connaître.

Lorsqu'il a été repéré pour la première fois, en 2004, des scientifiques avaient d'abord évalué à 2,7% la probabilité d'une collision catastrophique en avril 2029 avec la Terre. De nouveaux calculs ont écarté ce risque, prévoyant cependant un passage à moins de 36 000 kilomètres de la Terre à cette date.

L'astéroïde frôlera de nouveau la Terre en 2036, mais il est encore difficile de préciser à quelle distance, car l'approche de 2029 devrait modifier son orbite de façon substantielle. Il est donc très important d'obtenir des informations sur ses paramètres physiques, afin de mieux prévoir sa trajectoire future.

Le télescope Herschel a pu l'observer ce week-end pendant environ deux heures, alors qu'il s'approchait de la Terre, a indiqué l'ESA mercredi dans un communiqué.

D'après ces nouvelles données, Apophis aurait un diamètre de 325 mètres, soit 20% de plus que les estimations antérieures (270 mètres). Avec 270 mètres de diamètre, l'énergie que dégagerait Apophis s'il heurtait la Terre serait équivalente à 25 000 bombardements atomiques d'Hiroshima.

«L'augmentation de 20% en diamètre, de 270 à 325 m, se traduit par une augmentation de 75% dans nos estimations du volume de l'astéroïde ou de sa masse», a expliqué Thomas Müller de l'Institut Max Planck de physique extraterrestre à Garching (Allemagne).

En analysant la chaleur émise par Apophis, Herschel a également fourni une nouvelle estimation de l'albédo de l'astéroïde, c'est-à-dire de sa réflectivité. Elle apparaît inférieure à l'estimation précédente.

«Ces chiffres sont de premières estimations basées sur les seules mesures d'Herschel», a souligné Thomas Müller. «D'autres campagnes de mesures au sol, en cours, pourraient fournir des éléments d'informations supplémentaires qui nous permettront d'améliorer nos résultats», a-t-il ajouté.

«Apophis a d'abord suscité l'intérêt en raison d'une potentielle menace de collision avec la Terre, ce qui est maintenant considéré comme hautement improbable dans un avenir prévisible», a indiqué de son côté Göran Pilbratt, responsable scientifique du projet Herschel de l'ESA. Il est cependant «d'un intérêt considérable en lui-même, et comme un exemple d'objets géocroiseurs» (passant près de la Terre), a-t-il expliqué.

Le 15 février prochain, c'est l'astéroïde 2012 DA14 qui nous rendra visite. Plus petit qu'Apophis (57 mètres de diamètre), il va passer bien plus près, à 34 500 km d'altitude, ce qui signifie qu'il va traverser l'orbite des satellites géostationnaires.

Photo ESA

Images de l'astéroïde Apophis captées par le télescope Herschel de l'Agence spatiale européenne (ESA), qui a observé ce week-end son approche de la Terre.