L'année 2013 sera celle des astronomes, qui pourront frissonner en admirant pas moins de deux astéroïdes et deux comètes passer au voisinage de la Terre.

Dès la semaine prochaine, c'est l'astéroïde 99942 Apophis, baptisé du nom d'une divinité égyptienne du mal et des ténèbres, qui viendra nous saluer. Avec quelque 270 mètres de diamètre et une masse capable de dégager autant d'énergie que 25 000 bombardements atomiques d'Hiroshima s'il heurtait la Terre, ce rocher cosmique porte bien son surnom.

En 2004, lorsqu'il a été repéré pour la première fois, Apophis avait donné des sueurs froides aux spécialistes qui scrutent le ciel à la recherche de ces menaces surgissant du fin fond de l'espace. Les premiers calculs indiquaient une probabilité de 2,7 % pour qu'il percute la Terre de plein fouet en 2029...

Tout risque de catastrophe a depuis été écarté par des calculs plus précis. Mais «il y a encore un minuscule risque d'impact» le 13 avril 2036, moins d'une chance sur 250 000, selon la Nasa.

La principale inconnue demeure «l'Effet Yarkovsky», un phénomène découvert par un ingénieur russe au début du XXe siècle. Lorsqu'un corps céleste en rotation s'approche du Soleil, il s'échauffe d'un côté avant de se refroidir lorsqu'il a tourné sur lui-même. Or ces changements de température peuvent provoquer dans certaines circonstances un léger mouvement de l'astéroïde et dévier sa trajectoire, donc peut-être vers la Terre...

Les radars de la Nasa seront donc braqués sur Apophis lorsqu'il passera le 9 janvier à environ 14,5 millions de kilomètres.

À l'aide de ces observations, les experts pensent pouvoir réduire encore la marge d'erreur de leurs calculs, et pourquoi pas exclure définitivement tout risque d'impact.

L'astéroïde 2012 DA14 est plus petit qu'Apophis (57 mètres de diamètre) mais il va passer bien plus près de nous le 15 février: 34 500 km d'altitude, ce qui signifie qu'il va traverser l'orbite des satellites géostationnaires.

«Il s'agira du plus proche survol d'astéroïde qui ait été prédit», explique Mark Bailey, directeur de l'Observatoire d'Armagh, en Irlande du Nord.

«Il va passer tellement près que même les astronomes amateurs pourront l'observer, peut-être même avec de simples jumelles», précise-t-il.

À l'oeil nu

Si les astéroïdes sont essentiellement constitués de roche et de métaux, les comètes, elles, sont composées de glace et de poussière. Ces voyageurs solitaires se sont formés à la naissance du système solaire et tournent autour du Soleil avec des fréquences très variables, de quelques années à plusieurs millions.

Lorsqu'elles s'approchent de notre étoile, la chaleur est telle qu'elles rejettent des gaz et une traînée de poussières qui se reflètent dans la lumière du Soleil. C'est ce phénomène que nous percevons comme la «queue» des comètes.

La première qui nous rendra visite cette année s'appelle 2011 L4, surnommée «PANSTARRS» en raison du télescope de l'Université de Hawaii qui l'a détectée en 2011.

PANSTARRS devrait atteindre son point le plus brillant entre le 8 et le 12 mars, d'après le spécialiste américain des comètes Gary Kronk.

Mais c'est encore la comète ISON (International Scientific Optical Network) qui devrait remporter le plus de succès auprès du grand public.

D'après certains calculs, ISON pourrait être visible à l'oeil nu juste après la tombée de la nuit à la fin du mois de novembre, un phénomène très rare qui devrait se prolonger pendant plusieurs mois.

ISON est d'autant plus rare que son dernier passage aux abords de notre planète remonte à au moins 10 millions d'années, indique Mark Bailey.

«C'est une "nouvelle comète" provenant de la région du système solaire que nous appelons le nuage d'Oort», qui s'étend bien au-delà de l'orbite des planètes et qui marquerait la frontière du système solaire.