Harrison Schmitt n'y peut rien; l'ancien astronaute américain s'ennuie de la Lune ces jours-ci.

Cela fera 40 ans, le mois prochain, que M. Schmitt et son collègue astronaute Eugene Cernan sont devenus les derniers humains à poser le pied sur la surface lunaire, le 6 décembre 1972.

Si l'ancien astronaute du programme Apollo 17 pouvait en faire à sa tête, les États-Unis retourneraient d'abord sur la Lune, avant de se rendre vers des planètes comme Mars.

Le géologue de 77 ans, qui évalue les possibilités d'exploitation minière du sol sélène, affirme que le secteur privé pourrait être de retour sur la Lune d'ici 15 à 20 ans.

«Je crois qu'il est important que le secteur privé occidental soit à l'oeuvre pour déterminer de quelle façon il est possible de retourner sur la Lune, mais également d'en exploiter les avantages économiques», a déclaré M. Schmitt lors d'une entrevue accordée vendredi.

Selon lui, le Canada et son industrie minière a sa place sur la Lune en raison de son importance à l'échelle mondiale. M. Schmitt estime également que l'humanité a la capacité d'installer des colonies «permanentes» sur la Lune d'ici 40 ans.

Ravivant ses souvenirs, M. Schmitt s'est rappelé d'avoir marché sur la Lune et d'avoir skié sur de la poussière lunaire en décembre 1972.

«C'était comme être sur un trampoline géant», a-t-il souligné à La Presse Canadienne.

«J'ai utilisé une technique de ski de fond avec laquelle plusieurs Canadiens sont familiers, et que j'ai apprise en Norvège, lorsque j'y ai étudié.»

M. Schmitt, qui a également été sénateur américain, fut le dernier astronaute de la NASA à débarquer sur la Lune. Cependant, son collègue Eugene Cernan, qui avait quitté le module avant lui, a ultimement été le dernier à quitter le sol du satellite terrestre.

Maintenant, 40 ans plus tard, M. Schmitt se dit déçu du fait que les humains ne soient pas retournés sur la Lune: «J'aurais espéré y être retourné plus rapidement.»

L'ex-astronaute croit également qu'il existe de la vie sur d'autres planètes.

«Les chances sont très grandes qu'il existe d'autres formes de vie basées sur le carbone» sur des planètes semblables à la Terre qui sont déjà découvertes, mais, a-t-il ajouté, il ne faut pas s'attendre à voir de petits bonshommes verts.

M. Schmitt a effectué ces commentaires à la Western University de London, où il participait également à une discussion sur la prochaine cible de l'exploration humaine dans l'espace.

Le président américain Barack Obama a suggéré que la prochaine étape des vols habités pourrait être en direction d'un astéroïde, et, éventuellement, vers Mars en 2033.

M. Schmitt a, de son côté, reçu des appuis de la part d'une série d'experts de l'exploration spatiale après avoir lancé un appel à un retour sur la Lune.

Le cartographe planétaire Phil Stooke, de la Western University, et Bjarni Tryggvason, un ancien astronaute canadien, ont expliqué à des étudiants que la Lune, qui n'est qu'à quelques jours de voyage, représente une destination logique.

«Ce n'est pas trop loin sur une échelle temporaire, notre technologie est suffisante, et nous pouvons nous y rendre pour de longues périodes et vraiment voir comment construire des choses dans l'espace, dans une optique à long terme», a dit M. Tryggvason.

«Mais Mars est bien au-delà de nos capacités actuelles», a-t-il dit, allant même jusqu'à prévoir que «pas un seul étudiant» assistant à la discussion de vendredi ne verrait un humain marcher sur Mars.

À la NASA, cependant, Peter Worden se montre plus optimiste.

Le directeur du Centre de recherche Ames, en Californie, a assuré qu'à un moment donné du siècle présent, «selon moi, plus tôt que tard», des humains quitteraient la planète Terre de façon permanente et iraient vivre dans un autre monde.

M. Schmitt s'est dit d'accord avec lui, affirmant qu'au cours du 21e siècle, en plus de colonies lunaires, «nous serons en train de préparer une tête de pont permanente sur Mars».