Des milliers de fans ont acclamé mercredi à l'aube une éclipse totale du Soleil, caché par la Lune, dans le nord tropical de l'Australie, un phénomène rare qui a duré deux minutes et plongé la région dans la nuit.

Munis de lunettes spéciales, les spectateurs ont suivi, filmé et photographié le passage de la Lune devant le Soleil, réduit à un disque noir auréolé d'or.

Des nuages ont menacé de priver la foule du spectacle. Mais ils se sont écartés et une immense clameur a salué l'astre solaire disparaissant peu à peu derrière la Lune.

«Wouah! les insectes et les oiseaux se taisent», a tweeté Geoff Scott, l'un des dizaines de milliers de traqueurs d'éclipses qui avaient fait le déplacement pour ce phénomène apparu pour la dernière fois il y a 1.300 ans dans cette zone.

Avec le plongeon dans l'obscurité, la température a brièvement chuté, désorientant oiseaux et insectes par la nuit soudaine.

L'éclipse a démarré peu après l'aube: l'ombre de la Lune a commencé à s'étendre sur le Parc national de Garig Gunak Barlu, à environ 250 km à l'est de Darwin.

L'ombre lunaire a ensuite filé plein est, à travers le Golfe de Carpentarie, avant de retrouver la terre australienne, au-dessus de l'État du Queensland, un des rares endroits d'où pouvait être admirée cette union entre le Soleil et la Lune.

«Ca y est! Elle est totale, c'est incroyablement beau!» a tweeté un autre touriste, Stuart Clark, peu après 06h38 heure locale, début de l'éclipse.

«La nuit en plein jour, incroyable, j'ai la chair de poule, j'en perds la voix», a murmuré un autre chasseur d'éclipses, Simon Crerar, à Palm Cove.

Selon le gouvernement du Queensland, entre 50 000 et 60 000 personnes s'étaient rendues dans la région pour assister au spectacle.

Fred Espenak, astrophysicien américain, a expliqué à l'Australian Broadcasting Corporation qu'une éclipse totale du Soleil était un phénomène qui arrive tous les ans, voire tous les deux ans. Mais les éclipses ne sont à chaque fois visible que depuis moins de 0,5% de la surface de la Terre.

La rareté du phénomène dans cette partie du monde a conduit plus de 1200 chercheurs japonais à faire le déplacement.

Des touristes ont observé le phénomème depuis le pont de bateaux de croisière flottant sur la mer et d'autres à bord de montgolfières suspendues dans les airs.

Des scientifiques vont à présent étudier les effets d'une éclipse totale sur la Grande barrière de corail et sur les animaux de la forêt tropicale du Queensland. Des psychologues, eux, vont se pencher sur son impact sur les humains.

Dans les mythes des Aborigènes australiens, les éclipses revêtent une énorme importance, explique Duane Hamacher, expert en astronomie aborigène à l'Université de Nouvelle-Galles du Sud.

Dans leurs récits, la Lune et le Soleil sont souvent dépeints comme un homme et une femme qui se poursuivent l'un l'autre à travers le ciel, se battant et s'aimant alternativement.

«Dans la culture de la tribu Euahlayi, la femme soleil, Yhi, poursuit constamment l'homme lune, Bahloo, qui a rejeté ses avances», raconte M. Humacher sur son blog.

La dernière éclipse totale de Soleil a eu lieu le 11 juillet 2010, là encore dans le Pacifique sud. La prochaine est attendue le 20 mars 2015, au-dessus de l'Islande, des îles Féroé et de l'archipel norvégien du Svalbard.

Photo AFP