L'astrophysicien britannique Stephen Hawking, qui a fait, en fauteuil roulant, une rare apparition publique mercredi à la cérémonie d'ouverture des jeux Paralympiques, consacre sa vie à repousser les limites de la science, en décodant le cosmos et en déjouant les pronostics des médecins.

«Regardez les étoiles et non vos pieds. Essayez de comprendre ce que vous voyez et demandez-vous ce qui fait que l'univers existe, soyez curieux», a déclaré durant cette cérémonie, devant 80 000 spectateurs, le scientifique qui s'exprime grâce à un ordinateur.

Atteint d'une maladie dégénérative paralysante, la maladie de Charcot, les médecins ne lui avaient donné que quelques années à vivre quand il avait 21 ans. Il a fêté cette année ses 70 ans.

La majorité des personnes diagnostiquées «vivent moins de cinq ans», souligne Brian Dickie de l'association britannique des maladies neuro-dégénératives. Le fait que Stephen Hawking vit avec la maladie depuis «près de 50 ans en fait quelqu'un d'exceptionnel», estime-t-il.

Toutefois, sa santé fragile l'a obligé cette année à renoncer à plusieurs engagements publics, faisant de sa participation à la cérémonie des jeux Paralympiques, où il a narré plusieurs tableaux, un événement d'autant plus inattendu.

Stephen Hawking, auteur à succès qui a vendu Une Brève Histoire du temps à plusieurs millions d'exemplaires, n'est pas dupe de sa popularité. «Je suis certain que mon handicap a un rapport avec ma célébrité», juge-t-il sur son site internet.

«Les gens sont fascinés par le contraste entre mes capacités physiques très limitées et la nature extrêmement étendue de l'univers que j'étudie», ajoute l'éminent scientifique cloué dans un fauteuil et contraint de s'exprimer via un ordinateur d'où s'élève une voix métallique.

«Cependant sa renommée ne doit pas éclipser ses contributions» à la physique, insiste Martin Rees, ancien président de la Royal Society: «Il a sans aucun doute fait plus que quiconque depuis Einstein pour améliorer le savoir sur la gravité».

L'astrophysicien a réalisé des travaux sur l'expansion de l'univers, les trous noirs et la théorie de la relativité. Dans son dernier livre Y a-t-il un architecte dans l'univers?, il démonte la théorie d'Isaac Newton en affirmant que l'univers n'a pas eu besoin de Dieu pour être créé.

Pour l'Américain Kip Thorne, un de ses collaborateurs de longue date, Stephen Hawking a réussi le tour de passe-passe de faire de son handicap un atout.

Quand il «a perdu l'usage de ses mains et ne pouvait plus faire des équations sur le papier, il a compensé en s'entraînant à manipuler mentalement et à grande vitesse des concepts complexes. Cette capacité lui a permis de trouver des solutions à des problèmes physiques que personne ne pouvait résoudre et qu'il n'aurait probablement pas pu résoudre sans cette nouvelle dextérité», estime Kip Thorne.

Interrogé sur ce qui occupait le plus son esprit, Stephen Hawking a cependant répondu au magazine New Scientist: «Les femmes. Elles sont un mystère total.»