La petite fusée européenne Vega doit effectuer son vol inaugural lundi depuis le Centre spatial guyanais (CSG) de Kourou avec à son bord deux petits satellites expérimentaux et sept mini-satellites conçus par des étudiants de différents pays.

Depuis la fin janvier, le lanceur léger conçu principalement par l'agence spatiale italienne ASI est assemblé sur son site de lancement dédié en Guyane française, utilisé initialement par les fusées Ariane 1, 2 et 3 et adapté aux besoins spécifiques de Vega (Vecteur européen de génération avancée).

Capable d'emporter 1,5 tonne en orbite basse (700 km d'altitude), «Vega vise le marché des petites charges utiles, principalement institutionnelles» et a surtout vocation «à garantir un accès européen à l'espace» sur ce marché, résume Benoît Geffroy, de la direction des lanceurs de l'Agence spatiale européenne (ESA).

D'une hauteur de 30 mètres pour un poids au sol de 137 tonnes, Vega viendra compléter la gamme des lanceurs opérés depuis Kourou aux côtés du poids lourd Ariane 5 ECA (jusqu'à 9,5 tonnes en orbite de transfert géostationnaire) et du mythique Soyouz russe (jusqu'à 3 tonnes) qui a déjà deux tirs à son actif depuis la Guyane française.

«C'est un lanceur qui remplit un créneau important pour toutes les activités scientifiques. Les seuls équivalents dans le monde sont des missiles stratégiques reconvertis», soulignait récemment le directeur général de l'ESA, Jean-Jacques Dordain.

Dans les années qui ont suivi l'effondrement de l'URSS, de nombreux missiles militaires ont été convertis en lanceurs de petits satellites à bas prix, du type Rockot et Dniepr. Des avantages tels qu'ils ont longtemps découragé tout développement d'une fusée concurrente.

Mais les stocks de ces missiles vieillissants, dont les derniers ont été construits au début des années 1980, s'épuisent et leur coût de maintenance augmente. Selon l'ESA, le marché est donc mûr pour un lanceur comme Vega, qui devrait à terme offrir des tarifs compétitifs (40 millions d'euros pour ce vol inaugural).

Pour son tir inaugural, prévu lundi à partir de 7H00 heure de Kourou (10H00 GMT, 11H00 heure de Paris), Vega allumera successivement ses trois étages inférieurs à propulsion solide et son dernier étage à propulsion liquide, baptisé AVUM, pour atteindre une orbite circulaire à 1.450 km d'altitude.

AVUM relâchera alors LARES (acronyme de Laser Relativity Satellite), une sphère de tungstène de seulement 37 cm de diamètre mais pesant près de 400 kg et équipée de 92 réflecteurs. Depuis des stations au sol, ce satellite «passif» sera ensuite bombardé par des lasers pour mesurer plus précisément un effet prédit par Einstein dans sa théorie de la relativité générale: la distorsion de l'espace-temps causé par la rotation d'un corps possédant une masse, «l'effet Lense-Thirring».

AVUM rallumera ensuite son moteur pour redescendre 350 km plus bas et lâcher le satellite ALMASat-1, un démonstrateur d'environ 13 kg construit par l'Université de Bologne.

Vega emporte également à son bord sept «CubeSats» (seulement 10 cm de côté et moins d'1 kg) développés par des étudiants dans le cadre d'un programme européen lancé en 2007, parmi lesquels les premiers satellites roumains (Goliat), hongrois (MaSat-1) et polonais (PW-Sat-1).

Un succès du «vol de qualification» de Vega lundi ouvrira la voie au programme VERTA, une campagne de démonstration de la flexibilité du système Vega avec un second vol prévu début 2013.

Le développement de Vega a débuté en 1998 sous l'impulsion de l'Italie, qui finance près de 60% du programme, devant la France (25%). Son coût est de 710 millions d'euros, auquel environ 400 millions d'euros pour le programme VERTA.