Les effets de la radiation cosmique sont vraisemblablement à l'origine du fiasco de la sonde martienne russe Phobos-Grunt, a déclaré mardi le chef de l'agence spatiale russe Vladimir Popovkine, évoquant aussi l'utilisation de puces étrangères de contrefaçon.

«La raison la plus probable, selon la commission d'enquête, est l'effet local de particules lourdement chargées dans l'espace qui a entraîné une défaillance de l'ordinateur principal», a déclaré le directeur de Roskosmos Vladimir Popovkine cité par les agences de presse russes.

Cette explication a été tournée en dérision par une source dans le secteur spatial citée par l'agence Ria Novosti.

«C'est tout simplement ridicule lorsqu'on dit que les concepteurs d'un appareil interplanétaire n'ont pas pris en compte l'influence des particules lourdement chargées», a déclaré cette source.

«Ils n'ont pas construit un aspirateur, mais un appareil spatial qui devait voler dans un environnement agressif. Ils ne pouvaient pas ne pas tenir compte de ça», a ajouté cette source.

M. Popovkine a par ailleurs indiqué que des puces contrefaites avaient été utilisées dans la sonde. «C'est peut-être cela la raison (de l'échec de Phobos-Grunt)», a ajouté M. Popovkine.

«Ces puces différaient de celles utilisées précédemment. Elles étaient de 90 nanomètres au lieu de 200. Ces composants venaient de l'étranger», a-t-il précisé.

Le président de la commission d'enquête Iouri Koptev a de son côté relevé que plus de la moitié des puces n'étaient pas conçues pour être utilisées à bord d'un vol spatial.

«Il y avait à bord 95 000 puces dont 62% de classe Industry. Ceux qui connaissent cette terminologie savent que cette classe ne correspond pas aux exigences d'un vol spatial», a déclaré M. Koptev cité par l'agence Interfax.

Seules les composantes de classe Space ou Military peuvent être utilisées sur les appareils spatiaux, selon l'agence.

Phobos-Grunt, lancée le 9 novembre, devait se diriger vers un satellite de Mars, Phobos, et en ramener des échantillons, mais elle n'a pas réussi à s'affranchir de l'attraction terrestre.

Des morceaux de la sonde seraient tombés le 15 janvier dans l'océan Pacifique, ont dit les autorités russes qui ne disposent pas de preuves visuelles.

Phobos-Grunt, un appareil d'un coût de 165 millions de dollars, devait marquer le retour de la Russie dans l'exploration interplanétaire, abandonnée après l'échec en novembre 1996 de la sonde Mars 96 qui était retombée dans l'océan Pacifique.

L'industrie spatiale russe a connu une année noire en 2011, cinq lancements russes ayant au total échoué, avec notamment pour conséquence la perte de Phobos-Grunt. Vladimir Popovkine avait au départ évoqué un complot étranger pour expliquer la perte de certains appareils.

L'échec en août du lancement par Soyouz d'un vaisseau de ravitaillement vers la Station spatiale internationale a paralysé pendant environ trois mois les départs vers l'ISS.

Mardi, l'agence spatiale russe a annoncé que les lancements prévus en mars et mai des deux prochains vols habités vers la Station spatiale internationale, et le retour sur Terre de l'équipage de l'ISS seraient reportés de 45 jours.