La Chine a dévoilé un ambitieux programme spatial pour les cinq prochaines années et la presse se félicitait vendredi des projets d'envoi d'un Chinois sur la lune ou de fusées à carburant propre capables de lancer de lourdes charges.

Les autorités de Pékin considèrent le programme spatial chinois comme emblématique de la montée en puissance du pays, sur le plan technique, scientifique et économique.

Elles y voient aussi la preuve du succès du Parti communiste qui a transformé ce pays, autrefois éprouvé par la famine, en puissance mondiale.

«Mission sur la Lune à l'horizon», clamait en une le China Daily, évoquant le «pas-de-géant» inclus dans le Livre blanc publié jeudi.

Le Global Times insistait sur le fait que la Chine était en orbite pour «réaliser son ambition de construire une station spatiale d'ici à 2020».

Le Quotidien du Peuple publiait pour sa part l'intégralité du Livre Blanc, dans lequel la Chine indique qu'elle va accroître ses chances d'envoyer un homme sur la Lune et de construire une station spatiale.

Dans le Livre blanc détaillant le programme, l'agence spatiale chinoise indique que les fusées Longue Marche «utiliseront un carburant non toxique et non polluant».

Ces fusées de nouvelle génération seront capables de lancer dans l'espace de lourdes charges: les Longue Marche-5 pourront placer sur orbite des charges de 25 tonnes, a indiqué le porte-parole de l'Administration spatiale nationale chinoise (CNSA), Zhang Wei.

«Il est impressionnant que la Chine atteigne la prochaine étape de mise en orbite de charges lourdes, cruciale pour réaliser son objectif de conception d'une station spatiale d'ici 2020», a indiqué Morris Jones, un expert indépendant en conquête spatiale, basé à Sydney.

L'agence spatiale chinoise avait déjà indiqué que son programme pour les cinq ans à venir comprenait notamment l'établissement d'une base de lancement sur l'île de Hainan, le lancement de sondes lunaires (déjà entamé) et la poursuite des recherches en vue de l'envoi d'un Chinois sur la Lune.

Mais le Livre Blanc ne donne toujours pas de calendrier précis sur l'envoi d'un homme sur la Lune.

Depuis que la Chine est devenue en 2003 le troisième pays du monde derrière l'Union soviétique et les États-Unis à envoyer des hommes dans l'espace par ses propres moyens, le programme de vols habités chinois est au centre de toutes les attentions.

Les sondes lunaires Chang'E, dont la deuxième a été envoyée l'an dernier, font partie d'un programme d'exploration qui devrait aboutir à la construction d'un laboratoire spatial pour 2016 et à l'envoi de spationautes chinois sur le satellite de la Terre, à côté de la construction d'une station spatiale vers 2020.

Important en terme d'image, le programme de vols habités chinois a été lancé au début des années 1990 grâce à des achats de technologie russe.

Contrairement aux autres domaines spatiaux comme l'astrophysique ou l'observation de la Terre, il est contrôlé par l'Armée et reste à l'écart de la coopération internationale.

Pékin répète à l'envi que son programme spatial a des visées pacifiques.  Des affirmations dont doute l'analyste Morris Jones.

«Partout dans le monde, les technologies spatiales sont utilisées pour les communications militaires et pour déployer des satellites-espions. La Chine n'est pas différente des autres», a-t-il estimé.