Pour la première fois de son histoire, la mythique fusée russe Soyouz va s'élancer jeudi matin depuis le Centre spatial guyanais (CSG), emportant avec elle les deux premiers satellites de Galileo, projet européen concurrent du GPS américain.

En Guyane française, Soyouz bénéficie d'un coup de pouce supplémentaire que lui fournit la rotation de la Terre, beaucoup plus importante à proximité de l'Equateur que sur ses bases habituelles de Plessetsk (Russie) ou Baïkonour (Kazakhstan).

Cet «effet de fronde» permet d'augmenter de facon considérable la charge utile emportée par Soyouz.

Le lancement de jeudi qui doit placer sur une orbite circulaire, à plus de 23 000 km d'altitude, les deux premiers satellites de la constellation Galileo (pesant chacun 700 kg), serait donc totalement inenvisageable depuis Baïkonour.

Le lanceur russe, à la fiabilité éprouvée et déjà 1776 tirs à son actif, est opéré au CSG avec le minimum de modifications possible par rapport à sa configuration d'origine.

Le Centre national d'études spatiales (CNES) français et l'agence spatiale européenne (ESA) ont bâti un site entièrement consacré aux besoins de Soyouz sur la commune de Sinnamary, voisine de celle de Kourou, à 13 km des ensembles de lancement d'Ariane.

Même si elle reste très proche de son modèle d'origine et que les ingénieurs russes en assurent la fabrication, la version «européenne» du lanceur a tout de même été modifiée pour son lancement depuis le CSG, avec un système de neutralisation qui permet, depuis le sol, de stopper le lanceur en cas de déviation de trajectoire.

Le tir est prévu jeudi à 7h34 heure locale.

Après son décollage, le vol des trois étages inférieurs de Soyouz durera 9 minutes et 20 secondes. Ensuite, le troisième étage du lanceur se séparera de l'étage supérieur «Fregat» qui renferme les deux satellites Galileo.

Tandis que les trois étages inférieurs retomberont sur Terre les uns après les autres, Fregat allumera son propre moteur pour venir placer les satellites en orbite de transfert géostationnaire, à 11h24 heure guyanaise (16h24 heure de Paris).

Deux autres satellites Galileo doivent être par la suite lancés par Soyouz en 2012.

Le lanceur russe, seul engin spatial encore capable d'effectuer des vols habités depuis l'arrêt de la navette américaine en juillet dernier, dispose déjà d'un carnet de commandes de 14 lancements programmés depuis la Guyane, selon Arianespace.