Des comètes surgies du fin fond de l'espace pourraient être responsables de la présence d'une grande partie des océans qui recouvrent aujourd'hui la Terre, selon une étude publiée mercredi.



Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'eau est vraisemblablement étrangère à notre «planète bleue» et son origine à la surface de la Terre fait toujours débat entre les scientifiques.

Lors de la formation de notre système solaire, la Terre était tellement chaude que la plupart des éléments volatils, dont l'eau, se sont évaporés et seules les régions relativement lointaines - au-delà de l'orbite de Mars - en ont conservé une grande quantité.

Un grand nombre de chercheurs pensent qu'elle a fait son retour plusieurs millions d'années après la formation de la Terre, sous forme de glace transportée à bord de petits corps célestes: les astéroïdes et, dans une moindre mesure, les comètes.

«Les théories actuelles ont conclu que moins de 10% de l'eau terrestre a pour origine des comètes», noyaux de glace et de poussières, explique Paul Hartogh, de l'Institut Max Planck de recherches sur le système solaire (MPS).

«Pour la première fois, nos résultats impliquent que les comètes ont pu jouer un rôle bien plus important», renchérit Miriam Rengel du MPS, dont l'étude est publiée dans la revue britannique Nature.

Pour remonter la piste de l'eau terrestre jusque dans l'espace, les scientifiques utilisent un isotope (variante atomique) naturel de l'hydrogène, le deutérium, aussi appelé «hydrogène lourd».

Sur notre planète, la proportion de deutérium est d'environ un atome pour 6400 d'hydrogène et «les petits corps célestes qui ont apporté l'eau sur Terre devraient avoir une proportion similaire entre les deux isotopes», selon le MPS.

Jusqu'à présent, les astronomes avaient principalement observé cette proportion chez les astéroïdes, corps composés de roches, de métaux et de glace, provenant de la ceinture d'astéroïdes située entre Mars et Jupiter.

En revanche, aucune élue n'avait été trouvée parmi six comètes candidates, toutes beaucoup trop riches en deutérium et arrivant vraisemblablement du voisinage de grandes planètes gazeuses comme Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune.

La comète Hartley 2, en revanche, proviendrait de la ceinture de Kuiper, une région beaucoup plus lointaine située aux confins du système solaire. Les instruments d'Herschel l'ont donc scrutée à la loupe lors de son passage à seulement 18 millions de km de la Terre à l'automne 2010.

«Nos mesures ont montré que l'eau de la comète contient un atome de deutérium pour 6200 atomes d'hydrogène», un taux très proche de celui de la Terre, explique M. Hartogh.

Il sera nécessaire d'analyser de nombreux autres échantillons pour mieux évaluer l'apport en eau des comètes sur Terre mais «des comètes du type de Hartley 2 doivent désormais bien être prises en compte», conclut le chercheur.