La Nasa a lancé samedi depuis Cap Canaveral en Floride deux sondes qui doivent établir une carte précise des structures internes de la Lune afin de mieux comprendre son évolution, mais aussi celle de la Terre.

Les sondes, GRAIL A et B, installées à bord d'une fusée Delta II, se sont élancées à 9H08 locales (13H08 GMT).

«Nous sommes en route et les premiers éléments indiquent que tout se passe bien», a expliqué David Lehman de la Nasa, après le lancement des deux sondes GRAIL, abréviation de Gravity Recovery and Interior Laboratory, depuis Cap Canaveral en Floride (sud-est des États-Unis).

Une heure et demie après le lancement, les deux sondes, pesant 200 kg chacune, se sont séparées de la fusée, comme prévu.

Le tir, initialement prévu pour jeudi, avait été reporté une première fois à vendredi en raison de vents trop forts, puis une nouvelle fois à samedi, pour la même raison.

Trois mois et demi seront nécessaires pour que les sondes arrivent à destination, parcourant plus de 4 millions de kilomètres. Elles doivent arriver autour du Nouvel An.

Les scientifiques espèrent que les sondes vont percer les secrets de la Lune et les aider à comprendre comment notre satellite naturel, ainsi que la Terre et les autres planètes rocheuses, ont évolué.

GRAIL A et B doivent effectuer des mesures très précises de la gravité lunaire, révélant la répartition des masses, ainsi que l'épaisseur et la composition des différentes strates internes de la Lune jusqu'à son noyau.

«GRAIL sera la première mission à déterminer la structure interne de la Lune», a souligné Bobby Fogel, l'un des responsables de la mission, cette semaine.

On en sait que peu sur la composition des entrailles de la Lune. Selon une étude publiée au printemps dans la revue américaine Science, il contient, en proportion, autant d'eau que les profondeurs du globe terrestre.

Selon Maria Zuber, directrice scientifique de la mission GRAIL, il reste encore à prouver que son centre est bien composé d'un noyau de fer solide entouré de fer liquide, à l'instar de ce qui est communément admis.

«La gravité a déjà été utilisée par le passé pour essayer de savoir ce qui se passe à l'intérieur de la Lune, mais ces expériences ont été primitives», a-t-elle ajouté. «Si ces expériences passées peuvent être comparées à une loupe, alors GRAIL serait l'équivalent d'un microscope ultra-puissant».

Les deux sondes seront placées sur la même orbite basse, quasi-polaire autour de la Lune, et se suivront.

Quand elles survoleront des zones exerçant différentes forces gravitationnelles résultant de la présence par exemple d'une montagne, d'un cratère ou d'une masse sous la surface, les deux sondes se rapprocheront ou s'éloigneront légèrement l'une de l'autre.

Des instruments à bord mesureront très précisément ces changements dans leur vitesse relative respective. Les scientifiques traduiront ensuite ces données pour établir une carte haute définition du champ gravitationnel de la Lune.

La mission de mesure des forces gravitationnelles de la Lune proprement dite prendra 82 jours.

Depuis le début de l'ère spatiale en 1957, la Lune a été l'objet de 109 missions dont six habitées du programme Apollo de la Nasa qui a permis à 12 êtres humains de marcher sur le sol lunaire et de ramener 863 kilos de roches et poussière qui continuent à être analysées aujourd'hui.