La Nasa a lancé vendredi la sonde d'exploration spatiale Juno vers Jupiter, afin de tenter de mieux comprendre comment s'est formée cette énorme planète gazeuse et de connaître, par extension, «la recette de fabrication des planètes».



Juno a été propulsée dans l'espace par la fusée Atlas d'une taille de 60 m, qui a pris son envol depuis Cap Canaveral en Floride à 12h25, selon des images de la chaîne de télévision de la Nasa. Elle s'est séparée de la fusée 53 minutes plus tard.

Ce lancement montre que «la Nasa fonctionne encore pleinement et est à la pointe de l'exploration spatiale dans le monde», a commenté le directeur de l'Agence spatiale américaine, Charles Bolden, deux semaines après la fin de la dernière mission d'une navette américaine.

La sonde propulsée par énergie solaire, d'un coût de 1,1 milliard de dollars, va entamer une odyssée de cinq ans vers la plus massive des planètes du système solaire. Son arrivée est prévue en juillet 2016.

Juno, traduction anglaise de Junon, est dans la mythologie romaine à la fois la femme et la soeur de Jupiter.

Avec sa flamboyante tache rouge et une masse dépassant celle de l'ensemble des autres planètes, Jupiter intrigue les astronomes, car elle pourrait bien être la première à s'être formée dans le système solaire.

«Lorsque le Soleil a été formé, elle (Jupiter) a récupéré la grande majorité des restes», expliquait à l'AFP il y a quelques jours Scott Bolton, principal scientifique du programme Juno et membre du Southwest Research Institute à San Antonio (Texas, sud).

«C'est pourquoi elle est très intéressante pour nous: si nous voulons remonter dans le temps et comprendre d'où nous venons et comment les planètes se sont formées, c'est Jupiter qui détient le secret».

«Et donc, nous voulons connaître la liste des ingrédients. Ce que nous cherchons vraiment à faire, c'est découvrir la recette de fabrication des planètes», résume ce chercheur.

Juno doit s'approcher «plus près de Jupiter qu'aucun autre vaisseau spatial (...) à 5000 km au-dessus de la crête des nuages», a-t-il expliqué. «Nous plongerons également sous les ceintures de radiations (de Jupiter), ce qui est très important pour nous, car elles constituent la région la plus dangereuse du système solaire, sauf si l'on voulait aller droit vers le Soleil lui-même».

Juno utilisera une série d'instruments, dont certains fournis par l'Italie, la France et la Belgique dans le cadre d'un partenariat avec l'Agence spatiale européenne, pour étudier le fonctionnement de la planète et sonder ses entrailles.

Deux expériences clés consisteront à tenter d'évaluer la quantité d'eau que contient la planète et de déterminer si «elle a un noyau d'éléments lourds en son centre, ou si elle n'est composée que de gaz», a expliqué Scott Bolton.

Les scientifiques cherchent aussi à en savoir plus sur les champs magnétiques de Jupiter et sur sa tache rouge, lieu d'une tempête qui fait rage depuis plus de 300 ans.

Juno sera suivie en septembre par Grail, une sonde qui devra étudier le champ de gravité de la Lune, puis, en novembre, doit être lancée la sonde Mars Science Laboratory (MSL).

«Ces missions sont destinées à répondre aux questions les plus complexes du système planétaire concernant nos origines et l'évolution du système solaire», a expliqué Jim Green, directeur de la planétologie au siège de la Nasa à Washington.

Illustration: AFP/Nasa

La sonde d'exploration spatiale Juno explorera Jupiter.