L'univers et tout ce qu'il contient pourrait connaître une fin d'ici 3,7 milliards d'années, selon des astrophysiciens américains et japonais qui remettent en question la théorie acceptée par la plupart des cosmologistes d'une expansion éternelle de l'espace-temps.

«Il est improbable que l'univers s'arrête durant notre durée de vie mais il y a 50% de chance pour que le temps connaisse une fin dans les 3,7 milliards d'années», estiment ces chercheurs dans leur communication.

Ils font savoir que certaines méthodes et hypothèses utilisées de longue date par les astrophysiciens, et surtout une limite arbitraire du temps afin de calculer les probabilités d'un univers s'étendant à l'infini, conduit en fait à la conclusion que le temps aura une fin.

«En d'autres termes, cette limite du temps, considérée seulement comme un outil de calcul statistique, se comporte en fait comme un événement physique réel qu'on le veuille ou non», explique, dans un courriel à l'AFP, Raphael Bousso, astrophysicien à l'Université de Californie, Berkeley (ouest), principal co-auteur de ces travaux publiés sur le site internet arXiv.org.

Selon la théorie communément admise, l'univers est né du «Big Bang», il y a environ 13,7 milliards d'années et continue de s'étendre à une vitesse qui s'accélère exponentiellement, poussée par l'énergie du vide, et ce à l'infini.

«Il est très important de comprendre que nous ne disons pas être certains de cette conclusion que le temps aura une fin mais ne pouvons pas exclure que cela puisse vraiment arriver», souligne l'astrophysicien.

«Si cette conclusion n'est pas vraie cela veut dire qu'une des hypothèses retenue dans le modèle mathématique est fausse, ce qui serait aussi extrêmement intéressant pour les astrophysiciens qui durant de nombreuses années la jugeaient très raisonnable», poursuit-il.

En science cette sorte de raisonnement est souvent très utile, souligne le chercheur. «On réalise qu'une théorie qui paraissait tout à fait logique prédit un événement tout à fait fou, faisant qu'il faut soit l'abandonner ou comprendre pourquoi elle n'est peut-être pas aussi absurde», souligne-t-il.

Pour l'astrophysicien Charles Lineweaver, de l'observatoire Stromlo à l'Université nationale australienne, la conclusion de ses homologues américains et japonais est fausse.

Ils ont introduit la survenue d'un événement cataclysmique pour des raisons purement statistiques, selon lui.

«Le durée de vie moyenne restant à l'univers selon Bousso provient du fait qu'il a introduit une certaine limite de temps de manière à obtenir une probabilité acceptable dans son modèle», a dit l'astrophysicien sur un site web de la chaîne de télévision américaine ABC.

«Il s'agit seulement d'une technique statistique prise trop au sérieux», a-t-il jugé.

En réponse, Raphael Bousso explique à l'AFP avoir recouru à la méthode utilisée par de nombreux physiciens de pointe depuis des années et qu'il n'a rien inventé.

«Tout ce que nous avons montré c'est que le fait de prendre l'hypothèse d'une limite dans le temps n'est pas aussi innocent que cela».

«Cette limite théorique est inévitablement physique et requiert une justification physique qui ne peut de ce fait être considérée seulement comme un tour de passe-passe mathématique», insiste-t-il.