Le Mexique prépare la mise en service fin 2010 du plus grand télescope de sa catégorie au monde, et le plus haut, installé à 4580 mètres, au sommet d'un volcan éteint de la Sierra Negra de Puebla, à l'est de la capitale.

L'antenne de 50 mètres de diamètre du «Grand télescope millimétrique» (GTM), dont la construction a commencé voici 12 ans à 4580 mètres d'altitude, devrait permettre d'enregistrer la naissance et la mort de galaxies lointaines, jusqu'à près de 15 000 années-lumière, selon ses concepteurs.

Le GTM effectuera fin 2010 «sa première observation aux fins de recherche», confirme à l'AFP Raul Mujica, un des chercheurs de ce projet coordonné par l'Institut d'astrophysique, optique et électronique du Mexique (INAOE) et l'Université américaine du Massachusetts.

Le GTM dépasse tous ses «collègues» par son altitude et ses dimensions.

«La moitié d'un terrain de football» souligne le directeur de l'INAOE, José Guichard, qui doit toutefois élever le regard pour admirer les neiges éternelles du volcan voisin, le Pic de Orizaba, sommet du Mexique à 5.600 mètres.

Le site de «la Negra» a été choisi, parmi plusieurs autres «pour la faible teneur en eau de son atmosphère, étant donné que la vapeur absorbe les ondes millimétriques», explique-t-il aussi.

Le projet a coûté 115 millions de dollars, financés à 75% par l'INAOE et 25% par les Etats-Unis. «Le temps d'utilisation sera partagé dans les mêmes proportions», souligne M. Guichard.

Le GTM captera les ondes de l'ordre du millimètre en provenance des zones les plus froides de l'univers.

«Nous étudierons des formations à l'intérieur et à l'extérieur du système solaire, à 14 000 années-lumière de distance (...) Nous pourrons connaître l'origine de galaxies lointaines, de planètes, comment elles naissent et comment elles vont mourir», explique M. Mujica.

Les pères du GTM concèdent qu'il ne donnera pas de résultats concrets «en termes de terrain» à court terme, mais qu'il permettra dans l'avenir des avancées dans les domaines des télécommunications et... de la médecine.

«Nous explorerons les théories de l'origine de la vie, comme celle qui la ferait naître d'une comète. Nous étudierons les comètes, leur composition chimique, avant qu'elles ne s'enflamment à proximité du sol», souligne encore M. Mujica.

Le GTM étudiera aussi les atmosphères des planètes, à la recherche des possibilités de vie, renchérit son collègue Miguel Chavez.

«En tant que monde, nous ne sommes pas seuls», lance-t-il: le GTM pourra «voir des traces possibles de la présence d'océans ou de plantes, et dire s'il y a de la vie là-bas».

Le GTM ne gardera pas longtemps ses records: un nouveau «plus grand télescope millimétrique au monde», qui observera des ondes de longueur comprise entre 0,35 et 10 millimètres, devrait être opérationnel en 2012 dans le désert d'Atacama au Chili, sur un haut plateau, à 5000 mètres d'altitude.

Le projet réunit l'Europe, le Japon, les Etats-Unis et le Chili.