La navette spatiale américaine Atlantis avec six astronautes à bord s'est posée sans encombre mercredi en Floride sous un ciel parfaitement bleu, bouclant en beauté sa 32e et en principe dernière mission orbitale après vingt-cinq ans de service.

Les roues d'Atlantis ont touché la piste du Centre spatial Kennedy, près de Cap Canaveral, comme prévu à 8h48.

En pilotage automatique durant toute la descente, le commandant de bord Ken Ham a pris manuellement les commandes de l'orbiteur, alors un gros planeur de cent tonnes, deux minutes avant l'atterrissage pour l'aligner avec la piste.

Il ne reste désormais plus que deux vols programmés de navette, celui de Discovery mi-septembre et d'Endeavour fin novembre. Ensuite, les trois orbiteurs seront envoyés au musée après trois décennies de service.

Toutefois, des responsables de la Nasa ont réaffirmé mercredi au cours d'une conférence de presse ne pas exclure totalement l'éventualité d'un dernier vol pour Atlantis. L'orbiteur sera préparé pour effectuer un vol de secours si nécessaire lors de la mission d'Endeavour, mais il pourrait aussi retourner à la Station spatiale internationale (ISS) si la Maison Blanche et le Congrès le décidaient, a dit un responsable de la Nasa Bill Gerstenmaier.

Celui-ci a relevé qu'un tel vol serait un plus pour parachever l'ISS sans être pour autant une obligation.

Les responsables du programme de la navette ont assisté mercredi à l'atterrissage d'Atlantis avec un pincement au coeur.

«Je pense que nous étions tous frappés par le fait que ce pourrait bien être le dernier atterrissage d'Atlantis», a observé Mike Leinbach, le directeur du lancement.

«Ce n'est pas seulement la fascination technique (pour l'orbiteur, ndlr) mais il y a aussi un lien émotionnel», a-t-il ajouté visiblement ému. Mike Leinbach s'est dit «gêné» par le fait que les Etats-Unis vont se retrouver sans lanceur pour mettre des Américains sur orbite pendant plusieurs années.

«Nous aurions aimé continuer à faire voler les navettes le temps que le nouveau système de lancement soit prêt mais nous n'avons tout simplement pas le budget pour cela», a regretté Mike Moses, responsable de la préparation du lancement. «Les navettes sont en parfait état et volent à la perfection».

Une fois les trois navettes mise au rancart, les Etats-Unis dépendront exclusivement des Soyouz russes pour acheminer leurs astronautes à l'ISS jusqu'à ce qu'un lanceur américain prenne la relève des navettes vers 2015.

La Maison Blanche compte pour cela sur le secteur privé auquel un important soutien est offert dans le projet de budget 2011 très controversé soumis en février par Barack Obama et sur lequel se penche actuellement le Congrès.

Le président américain a décidé d'annuler le programme Constellation de son prédécesseur George W. Bush qui prévoyait un retour des Américains sur la Lune vers 2020 en prélude à la conquête de Mars.

L'ISS est un projet de cent milliards de dollars débuté en 1998, auquel participent seize pays, mais surtout financé par les Etats-Unis.

La construction de l'avant-poste orbital étant quasiment achevée, la Nasa achemine durant ces derniers vols de navettes des pièces de rechange et des équipements pour l'entretien futur de la Station.

Durant son périple de près de 12 jours dans l'espace dont sept amarrés à l'ISS, Atlantis a livré plus de douze tonnes d'équipements dont le module russe Rassvet. Les astronautes ont aussi installé six nouvelles batteries sur la Station lors trois sorties extra-véhiculaires.