La Nasa a mené à bien vendredi une mission destinée à terme à trouver de l'eau sur la Lune en faisant s'écraser dans un de ses cratères un projectile de 2,3 tonnes, suivi de près par une sonde qui devait analyser le panache de débris résultant de l'impact.

Centaur a heurté le sol du cratère Cabeus comme prévu peu après 7h30, suivi un peu plus de quatre minutes plus tard par la sonde LCROSS (Lunar Crater Observation and Sensing Satellite), qui, avant de s'écraser à son tour, a théoriquement filmé l'opération et recueilli des données scientifiques via des caméras et divers instruments.

«Tout s'est vraiment bien passé (...) et je peux annoncer que nous avons eu un impact, que nous l'avons observé, que nous avons vu le cratère et que nous avons obtenu de bonnes mesures, notamment spectroscopiques», a dit le responsable scientifique de la mission, Anthony Colaprete, lors d'une conférence de presse.

«Nous avons les données dont nous avons besoin pour répondre à la question» principale consistant à savoir s'il y a de l'eau sur la Lune, a-t-il ajouté. Mais «nous devons comprendre ces données avant de pouvoir dire quoi que soit», a-t-il souligné, en se disant encouragé par certaines données.

La Nasa n'a toutefois pas semblé être en mesure d'obtenir des images de l'éclair de lumière provoqué par le choc ni de l'éjection de matières qui a suivi.

La Nasa avait indiqué précédemment que l'impact de Centaur dans Cabeus, un cratère de 100 kilomètres de diamètre profond de 2,5 à 4 kilomètres, à une vitesse de 9.000 kmh, produirait un éclair de 30 secondes et provoquerait un panache de débris de 350 tonnes atteignant 10.000 mètres d'altitude.

Les instruments de la sonde LCROSS devaient, en traversant ce nuage, déterminer sa composition, puis transmettre les données à la Terre.

LCROSS avait été lancée en juin à bord d'une fusée Atlas V avec une autre sonde, dite LRO (Lunar Reconnaissance Orbiter), chargée elle d'établir une carte détaillée de la Lune.

Si le vaisseau LRO s'est rapidement séparé du lanceur pour se placer trois jours plus tard en orbite lunaire, la sonde LCROSS est restée attachée à Centaur, qui constituait en fait le deuxième étage de la fusée, durant son périple de trois mois de la Terre à la Lune.

Leur séparation est intervenue tard jeudi, quelques heures avant leur impact dans Cabeus.

De multiples autres observations de l'impact ont été effectuées par plusieurs télescopes terrestres, en orbite et avec des radars dont les résultats seront communiqués ultérieurement.

«Nous cherchons les endroits dans l'obscurité permanente où de la glace d'eau pourrait avoir été piégée durant des milliards d'années et nous voulons aussi savoir quelles sont les quantités qui s'y trouvent», avait expliqué jeudi Peter Schultz, géologue de l'Université Brown (Rhode Island, nord-est), membre de l'équipe scientifique de LCROSS.

La Nasa avait sélectionné cette région près du pôle sud de la Lune après qu'une autre sonde eut détecté précédemment des émanations d'hydrogène, une signature de la présence de glace.

Selon des observations récentes, des particules d'eau sont bien présentes sur la Lune, contrairement aux conclusions antérieures de la science selon lesquelles le sol lunaire serait sec, à la possible exception des pôles.

Les échantillons de roches lunaires ramenés par les astronautes des missions Apollo il y a 40 ans contenaient bien des traces d'eau mais les scientifiques avaient alors conclu qu'elles provenaient d'une contamination terrestre.