Comment définir une planète habitable? Quel type de vie rechercher? Alors que la première exoplanète rocheuse vient d'être officiellement découverte, les astronomes ont abordé ces questions lors du Congrès européen de planétologie, cette semaine, à Potsdam près de Berlin.

«Il est temps de changer radicalement notre définition actuelle de la vie qui se fonde sur celle que nous connaissons sur Terre», selon Johannes Leitner de l'Institut d'astronomie de l'université de Vienne.«On ne peut pas exclure qu'ailleurs aient évolué des formes de vie n'ayant ni besoin d'eau comme solvant, ni de carbone et d'oxygène pour leur métabolisme», a-t-il déclaré vendredi, selon un communiqué.

Pour détecter des formes de vie plus «exotiques», utilisant d'autres briques que le carbone, un autre solvant que l'eau, son équipe multidisciplinaire de recherche, créée en mai à Vienne, entend identifier des marqueurs biologiques.

Alors qu'actuellement on définit comme «zone habitable» autour du Soleil ou d'une autre étoile celle où de l'eau liquide peut exister à la surface d'une planète, il préconise un concept plus large. Il y aurait différentes «zones susceptibles de permettre la vie», selon le liquide (méthane, ammoniac, mélanges d'eau et d'autres solvants..) où elle pourrait se développer.

De telles formes de vie «exotiques» pourraient exister non seulement sur des exoplanètes, mais aussi dans notre Système solaire, par exemple dans «les lacs de méthane liquide de Titan, sous la surface d'Encelade, dans certaines niches habitables de l'atmosphère de Venus», a-t-il relevé dans sa présentation.

Dans un rapport consacré en 2007 aux «Limites de la vie organique dans les systèmes planétaires», le Conseil national de la recherche américain (NRC) avait invité à prendre en compte la possibilité de formes de vie différentes de la nôtre.

Alors que, jusque là, la Nasa avait recherché la vie au sein du système solaire en «suivant la piste de l'eau», le NRC relevait «qu'il n'y a aucune raison d'exclure la possibilité de vie dans des environnements aussi divers que les aérosols au dessus de Vénus ou certains mélanges eau-ammoniac sur Titan».

Sans prendre position sur les types de biologie possible, Axel Hagermann (Open university, Milton Keynes, Royaume Uni), a soumis jeudi devant les astronomes réunis à Potsdam l'idée d'un indice définissant «l'habitabilité» d'une planète.

«Actuellement, explique-t-il dans un communiqué, il n'existe aucun moyen simple pour comparer dans quelle mesure différents environnements sont adaptés à la vie». Il faudrait, selon lui, quantifier l'impact des quatre critères actuellement retenus : présence d'un solvant, de briques de base pour la vie, de conditions clémentes et d'énergie.

Avoir une source d'énergie ne suffit pas, tout dépend laquelle. Pour une exoplanète, la lumière visible ou infrarouge de son étoile est profitable à la vie, mais des rayons X ou UV sont nocifs.

«On peut imaginer, dit-il, une planète avec une atmosphère peu épaisse laissant passer ces rayonnements nocifs : à une certaine profondeur dans le sous-sol, ces "mauvais" rayons seront absorbés mais les "bons" pourront pénétrer». Ce niveau du sous-sol serait alors habitable. Son objectif serait de pouvoir «définir cette zone comme étant "aussi habitable" ou "moins habitable" qu'un désert au Maroc, par exemple».

Quant à Corot-7b, première exoplanète déclarée cette semaine «rocheuse comme la Terre», selon Didier Queloz (Observatoire de Genève), elle n'est pas habitable pour autant, car sa proximité avec son étoile la transforme en enfer brûlant abritant peut-être des océans de laves.