Charlie Duke, Christopher Kraft, Gene Kranz, Jack King ou Rocco Petrone n'ont pas accédé à la renommée mondiale de Neil Armstrong, Edwin «Buzz» Aldrin et Michael Collins, et pourtant c'est grâce à eux aussi qu'on a marché sur la Lune le 21 juillet 1969.

Charlie Duke

C'est la voix de Charlie Duke qu'ont entendue Armstrong et Aldrin sur la Lune.

Installé au Centre de contrôle de la mission, Duke était le «capcom», chargé de la communication entre la capsule et Houston. Quand Armstrong a annoncé que le module lunaire Eagle s'était posé sur la mer de la Tranquillité, Duke lui a répondu depuis la Terre: «Tu as failli faire virer au bleu un paquet de types! On respire à nouveau. Merci beaucoup».

Aux premières loges en 1969, Charles Duke a aussi été le dixième homme à marcher sur la Lune, avec la mission Apollo 16, en 1972. Il a quitté la NASA en 1975 pour devenir homme d'affaires.

Interrogé en 1999, Duke avait regretté de ne pas avoir volé avec la navette. «Quand je regarde en arrière maintenant, j'aurais aimé être resté. La navette s'est avérée être une formidable machine volante. Pas aussi bon marché qu'on l'avait escompté, mais certainement une bonne machine», a-t-il dit.

Aujourd'hui âgé de 73 ans, il vit à New Braunfels (Texas) et se consacre à la religion. Il a ouvert un site Web sur lequel il vend des exemplaires autographiés de son livre «Moonwalker», publié en 1990.

Christopher Kraft

Il était directeur des opérations de vol, communément appelé «flight», au MSC (Manned Spacecraft Center, Centre des vols spatiaux habités) à Houston. Christopher Kraft a quitté la NASA en 1982 pour devenir consultant auprès de diverses sociétés.

Aujourd'hui âgé de 85 ans, il a raconté son expérience à la NASA dans un livre publié en 2001: «Flight: My Life in Mission Control» («Flight: ma vie au Centre de contrôle de mission»). Il a créé le Mission Control et a été directeur des vols habités sur les programmes Mercury et Gemini, qui ont ouvert la voie à Apollo. Il a dirigé le Centre spatial Johnson de la NASA à Houston de 1972 à 1982.

«Il n'y a qu'un directeur de vol. Du moment où la mission débute jusqu'au moment où l'équipage est en sécurité dans le navire venu le récupérer, je suis aux commandes», écrit-il dans son livre. «Personne ne peut décider à ma place. Ni mon supérieur hiérarchique, ni son supérieur, ni même Jack Kennedy, président des Etats-Unis. Ils peuvent me limoger quand c'est fini, mais tant que la mission est en cours, je suis le «flight'. Et le flight, c'est Dieu».

Christopher Kraft vit à Houston et n'a toujours pas sa langue dans sa poche.

Eugene «Gene» Kranz

Gene Kranz était le contrôleur de vol de service au Mission Control quand Armstrong et Aldrin se sont posés sur la Lune.

Mais il est surtout connu en tant que directeur de vol de la mission Apollo 13 pour avoir, avec son équipe, réussi à ramener sain et sauf sur Terre l'équipage d'Apollo 13 en 1970. Ed Harris jouera son rôle dans le film «Apollo 13».

Gene Kranz affirme qu'il n'a jamais prononcé la phrase «l'échec n'est pas envisageable» dans cet épisode mais que c'est Hollywood qui l'a inventée, même si lui l'a reprise comme titre de son livre en 2000. «J'ai employé ces mots: «Bon, on n'a jamais perdu d'Américain dans l'espace. Alors, on va certainement pas commencer maintenant. Cet équipage revient'», a-t-il affirmé dans un entetien à l'Associated Press en 2000.

Kranz a pris sa retraite de la NASA en 1994. Aujourd'hui âgé de 75 ans, il vit toujours à Houston. Il prononce parfois des discours pleins d'émotion devant les employés de la NASA.

Jack King

Responsable des relations publiques à la NASA, il est la voix du lancement d'Apollo 11. C'est lui qui énonce le compte à rebours, comme il l'a fait pour des centaines d'autres lancements auparavant, notamment pour Gemini et les précédentes missions Apollo.

«Douze, onze, dix, neuf, début de la séquence d'allumage. Six, cinq, quatre, trois, deux, un, zéro, tout le moteur (sic) en marche. Décollage! Nous avons un décollage, à 32 minutes après l'heure. Décollage d'Apollo 11». Il est tellement stressé ce jour-là qu'il dit «tout le moteur» au lieu de «tous les moteurs», mais cela ne l'empêche pas aujourd'hui d'aimer réentendre cet enregistrement. «Si seulement j'avais reçu un penny chaque fois qu'il a été utilisé!», remarquait-il mercredi, à l'approche du 40e anniversaire du lancement d'Apollo 11 au Centre spatial Kennedy, où il assistait au décollage de la navette Endeavour.

Bien qu'il ait quitté la NASA en 1975, Jack King continue de travailler dans le domaine de l'espace, pour la communication de United Space Alliance, sous-traitant de la NASA dans son programme de navette. Il vit en Floride, à Cocoa Beach, et refuse de dire son âge.

Rocco Petrone

Directeur des opérations de lancement au Centre spatial Kennedy, il a quitté la NASA en 1975 pour travailler dans l'industrie. Il est mort en 2006 à l'âge de 80 ans chez lui, dans le sud de la Californie. AP