Il a appris le japonais en un an, fait des études de médecine après un post-doctorat en astrophysique à Cambridge, où il s'entraînait avec l'équipe d'aviron, s'est rendu dans un camp palestinien pour un stage de médecine avant de mettre le cap sur le Grand Nord, à Puvirnituq, où il enseignait le kite-surf à ses voisins inuits dans ses jours de congé à la clinique médicale. Il est capable de résoudre le cube Rubik en un peu plus d'une minute. Et il s'est beaucoup occupé de l'un de ses deux frères à la suite d'un accident routier.

David Saint-Jacques est un homme hors du commun. Mais il a toujours rêvé d'être astronaute. Quand il était petit, il collectionnait les articles et les livres sur les missions lunaires du programme Apollo. Les images de la Terre vue de la Lune le fascinaient tout particulièrement. À 39 ans, son rêve d'enfance a subitement connu un deuxième souffle.

«J'avais un peu mis de côté l'idée de devenir astronaute», dit en entrevue le Dr Saint-Jacques, qui a grandi à Saint-Lambert et a fait un baccalauréat en génie physique à Polytechnique, puis un doctorat en astrophysique à Cambridge en Angleterre, et enfin sa médecine à l'Université Laval «pour avoir un impact plus concret sur la vie».

«On devient adulte, on se concentre sur ce qui est possible. Mais quand j'ai vu l'appel de candidatures l'an dernier, je n'ai pas hésité une seconde. Pour moi, les astronautes sont l'équivalent moderne des explorateurs et des découvreurs.»

Le Dr Saint-Jacques est sportif, ayant fait de la compétition de ski alpin durant l'adolescence, des tournois d'aviron à Cambridge et la traversée alpine entre Chamonix et Zermatt. Et son expertise en astronomie - il a fait son doctorat sur «l'interférométrie optique», une manière d'augmenter la résolution des télescopes, et un post-doctorat au Japon sur les manières de contrecarrer la turbulence de l'atmosphère terrestre - est certainement un avantage pour le métier d'astronaute.

«David m'a dit que pour la première fois, il a un métier où il peut tirer profit de toutes ses études», indique Stéphane Durocher, ingénieur québécois habitant maintenant à Paris et ami proche du Dr Saint-Jacques - ce dernier a été témoin au mariage de M. Durocher. «Il est exceptionnellement brillant et aime faire des choses exceptionnelles», ajoute M. Durocher, qui était en contact quotidien avec lui ces derniers temps pour l'encourager face à l'incertitude. Lors d'un récent passage à Montréal, M. Durocher a pu rencontrer trois autres finalistes, qui soupaient chez le Dr Saint-Jacques.

Le nouvel astronaute, qui est fiancé avec une jeune femme médecin, a grandi à Saint-Lambert. Son père était lui-même professeur de physique à l'université, et sa mère professeure d'histoire au secondaire. Ses deux parents ont préféré ne pas faire de commentaires pour le moment.

Le Dr Saint-Jacques n'a pas seulement une carrière universitaire époustouflante, il est aussi sportif, aventurier et engagé socialement. «J'ai fait des raids sportifs avec lui, et en trois secondes avec une carte il savait exactement par où passer, dit M. Durocher. Une fois, il a fait un cube Rubik pour mon fils en une minute huit. Quand j'étais ingénieur en télécoms, il regardait rapidement mes bouquins et il pouvait me dire tout de suite les notions importantes. Il a appris le japonais en seulement un an au Japon, et il a envisagé d'apprendre l'arabe durant son stage au Liban. Mais il reste très humble. Et c'est un très bon vulgarisateur pour l'astrophysique.»

Son intelligence ne l'empêche pas d'être assoiffé d'aventures. «Une fois, au mariage d'un de nos amis en Californie, il est arrivé en retard à une excursion de pêche en haute mer. Il a pris un petit bateau de pêcheur et il nous a retrouvés même si nous étions partis depuis deux heures, dit M. Durocher. Quand il est allé en médecine, il voulait être médecin de montagne, dans les Alpes, ou alors médecin de brousse en Australie, ou aller pour Médecins sans frontières en Afrique. Finalement il a été dans le Grand Nord, où il faisait du kite-surf et enseignait aux Inuits à en faire.»

Touché par la pauvreté qui règne dans certaines familles inuites, il a cherché à améliorer leur ordinaire en leur achetant des sculptures, selon M. Durocher. «Et quand son frère a eu un grave accident de voiture, il s'en est beaucoup occupé».