David Saint-Jacques, tout comme son collègue Jeremy Hansen, pourrait être appelé à travailler à bord de la Station spatiale internationale, mais pas avant de longues années de formation et d'entraînement.

Après un bref passage au siège de l'Agence spatiale canadienne (ASC) à Saint-Hubert, les deux astronautes prendront la route d'Houston dès cet été, pour un entraînement de base, pour recrues, à la NASA, qui commencera le 10 août, et durera au moins un an et demi.

 

Avec la mise à la retraite des trois navettes du programme spatial américain, Discovery, Endeavour et Atlantis, en 2010, l'entraînement des deux nouveaux astronautes sera davantage axé sur la Station spatiale internationale.

Puis, ils participeront à un entraînement «avancé», de plusieurs années, qui les mènera de la Russie au Japon, en passant par l'Europe et le Canada. «Ils vont se promener autour du monde pour s'assurer qu'ils sont entraînés sur tous les systèmes du programme de la Station spatiale», indique Jean-Marc Comtois, chef du bureau des astronautes à l'Agence spatiale canadienne. En tout, cette formation leur prendra de quatre à six ans avant qu'ils puissent être sur les rangs pour une mission dans l'espace.

Ils devront notamment être formés pour participer à des missions à bord des vaisseaux russes Soyouz en direction de la station spatiale, vu la mise au rancart des navettes du programme américain.

Mais selon le président de l'ASC, l'astronaute Steve MacLean, David Saint-Jacques et Jeremy Hansen pourraient bien être appelés à voyager à bord d'une nouvelle génération de véhicules spatiaux, comme le vaisseau habité Orion, actuellement en développement à la NASA.

«C'est excitant, ce qui s'en vient. Je suis un peu jaloux, dit M. MacLean, lui-même entré à l'Agence en 1983. La Stratégie mondiale d'exploration suggère que nous devrions aller sur la Lune en 2020, 2023 ou 2025 et sur la planète Mars peu de temps après. Si c'est à l'intérieur de leur carrière d'astronaute, ça peut être une possibilité.»

Un troisième astronaute québécois



Voler dans l'espace, admirer la Terre vue du ciel, marcher sur la Lune; ces rêves d'enfant pourraient bien se réaliser pour David Saint-Jacques, qui est devenu, mercredi, le troisième Québécois à se joindre à l'équipe d'astronautes du Canada.En grande pompe, le président de l'Agence spatiale canadienne (ASC), Steve MacLean, et le ministre de l'Industrie, Tony Clement, ont mis fin au suspense et annoncé, mercredi, les noms des deux candidats retenus pour les postes extrêmement convoités d'astronaute à l'ASC: l'Ontarien Jeremy Hansen et le Québécois David Saint-Jacques.

Médecin dans le Grand Nord québécois, diplômé en génie, doctorant en astrophysique, David Saint-Jacques, âgé de 39 ans, natif de Québec, espère pouvoir mettre à profit ses connaissances et ses compétences dans un nouveau défi plus grand que nature.

«Il y a plein de choses que je voudrais faire. C'est une des choses qui sont fantastiques avec la carrière d'astronaute, c'est que ça ouvre des portes variées, a souligné M. Saint-Jacques, à l'issue de la conférence de presse. Ce qui m'intéresse particulièrement, c'est le rêve de participer à un des plus grands projets techniques de collaboration internationale. La chance de contribuer à l'avancement des sciences spatiales, à la médecine spatiale.»

Mais il concède que la tâche sera ardue et les souliers «énormes» à chausser. Il n'est que le 11e Canadien à entrer au Corps d'astronautes du Canada et il devra passer par de longues années d'entraînement.

«Passer du temps dans la Station spatiale internationale, je pense que c'est un objectif réaliste. Mais il faut que je me rende, il faut que je fasse mes preuves. Je ne suis encore qu'un débutant», a-t-il ajouté, en toute humilité.

Pour le petit garçon qu'il était et qui a grandi à Saint-Lambert, c'est «la concrétisation d'un rêve complètement fou» qu'il pensait utopique.

«C'est important de reconnaître nos rêves, de les nourrir et de les respecter parce que ultimement, ce sont nos rêves qui nous nourrissent, nous gardent en vie», a lancé le nouvel astronaute à l'intention d'un parterre d'écoliers, venus assister à l'annonce des candidats retenus, au Musée des sciences et de la technologie, à Ottawa.

Le deuxième candidat retenu, des 16 finalistes, est l'Ontarien Jeremy Hansen, militaire de carrière de 33 ans et pilote de chasse de CF18. Marié et père de trois jeunes enfants, il a obtenu ses licences de pilote de planeur et de pilote privé à l'âge de 17 ans, alors qu'il était dans les cadets de l'air.

«J'espère qu'un jour, je marcherai sur la Lune, a affirmé sans hésiter M. Hansen, qui nourrit de grandes ambitions quant à la participation de son pays aux missions dans l'espace. Le Canada n'a pas encore décidé s'il participerait à une éventuelle mission pour retourner sur la Lune. Mais je fonde beaucoup d'espoir dans le programme spatial canadien et je ne peux pas m'imaginer qu'on ne soit pas partie prenante de ce genre d'exploits internationaux.»

Le Canada est signataire, avec une douzaine d'autres pays, de la Stratégie mondiale d'exploration, rendue publique en 2007, et qui suggère notamment des voyages sur la Lune et sur Mars d'ici les 20 prochaines années.

«On parle de retourner sur la Lune, et possiblement d'aller sur Mars. On ne sait pas ce qu'il adviendra de ça, mais c'est sûr que ce sont des rêves qui m'animent», a souligné David Saint-Jacques.

Choisis parmi 5351 candidats, à la suite d'un processus rigoureux d'examens, de tests physiques et psychologiques, de simulations et d'entrevues, il s'agit des deux premiers Canadiens à se joindre à l'équipe d'astronautes du Canada depuis 1992. C'est en fait seulement la troisième campagne de recrutement d'astronautes au pays. En 1984, le Québécois Marc Garneau était devenu le premier Canadien à voler dans l'espace. Depuis, sept autres ont voyagé à bord d'une des navettes spatiale de la NASA, pour un total de 13 missions spatiales.

Le 27 mai prochain, le Britanno-Colombien Robert Thirsk doit s'envoler du Kazakhstan pour une mission de longue durée à bord de la Station spatiale internationale. Le 13 juin, ce sera au tour de la Québécoise Julie Payette de décoller du Centre spatial Kennedy, en Floride, pour sa deuxième mission dans l'espace depuis son embauche à l'ASC, en 1992.

Les nouveaux astronautes ont été reçus en après-midi par le premier ministre du Canada, Stephen Harper, qui a tenu à souligner que les deux hommes faisaient la fierté des Canadiens.