La Nasa lance lundi la navette Atlantis vers Hubble, le télescope spatial qui a révolutionné l'astronomie, pour une mission complexe et à haut risque visant à démultiplier sa puissance et à prolonger son fonctionnement d'au moins cinq ans.

Il s'agira de la cinquième et dernière visite d'entretien, de réparation et de modernisation du premier télescope spatial mis en orbite en 1990.

«Si nous réussissons, Hubble sera plus puissant et plus robuste que jamais et fonctionnera encore au moins jusqu'en 2014», a expliqué à la presse Ed Weiler, directeur des missions scientifiques à la Nasa.

Hubble sera ainsi pleinement opérationnel en attendant l'arrivée en 2013 de son successeur, le James Webb Space Telescope, capable de remonter jusqu'au «Big Bang» qui a marqué la naissance de l'univers il y a 13,7 milliards d'années.

Le lancement d'Atlantis, avec sept astronautes à bord, est prévu à 14h01 locales  au Centre spatial Kennedy, près de Cap Canaveral en Floride pour une mission de près de onze jours.

La Nasa ne dispose que de trois jours pour lancer la navette, tout lancement étant impossible entre le 13 et le 22 mai pour cause de conflit de calendrier avec l'armée de l'air.

Trois des sept astronautes, dont le commandant de bord Scott Altlman, ont déjà effectué des missions d'entretien de Hubble.

Au cours de cinq sorties orbitales de 6,5 à 7 heures chacune, ils vont procéder à de multiples tâches dont certaines nécessitent des techniques chirurgicales, explique Dave Leckrone, un scientifique de la Nasa, évoquant le remplacement de petits circuits électroniques imprimés.

Durant cette mission prévue initialement fin 2008, les astronautes vont remplacer les six gyroscopes de Hubble (des appareils de stabilisation), ses batteries, sa protection thermique ainsi que son système informatique de secours et installer de nouveaux instruments pour doper sa puissance.

Il s'agit du spectromètre des origines des rayonnements cosmiques (Cosmic Origins Spectrograph) et d'une caméra à champ large (Wide Field Camera 3).

La puissance d'observation et de découverte de Hubble, un investissement total de dix milliards de dollars sur toute la durée du programme, va ainsi être multipliée de dix à 70 fois.

Selon Michael Luther, un des responsables des programmes scientifiques de la Nasa, ces nouveaux instruments permettront à Hubble de remonter davantage dans le temps pour se rapprocher de 600 à 500 millions d'années du Big Bang, contre près d'un milliard d'années aujourd'hui.

Outre la difficulté technique de ces tâches, la Nasa explique que la mission Hubble est plus risquée qu'un vol vers la Station spatiale internationale (ISS), du fait du danger présenté par un impact de micro-météorite ou de débris orbital.

L'ISS évolue en orbite basse à 350 kilomètres d'altitude, tandis que Hubble est près de deux fois plus haut (563 km).

La Nasa estime le risque que la navette soit endommagée gravement à une chance sur 221 lors de ce vol contre près d'une chance sur 300 pour l'ISS.

C'est pourquoi une navette de secours, Endeavour, a été placée sur un autre pas de tir du Centre Kennedy, prête à être lancée dans les sept jours avec un équipage de deux astronautes pour une éventuelle mission de secours.

Atlantis sera trop loin de l'ISS pour venir s'y amarrer en cas de besoin.