Une importante mission de la Nasa consacrée à l'étude des gaz à effet de serre a échoué mardi, avec la mise en orbite ratée d'un satellite qui devait rapporter des informations capables d'aider les scientifiques dans leurs prédictions sur le changement climatique.

Il s'agit de la première mission de ce genre tentée par l'agence spatiale américaine, le Japon ayant déjà lancé en janvier un satellite du même type.Le satellite, lancé dans la nuit de lundi à mardi depuis la base de Vandenberg Air Force, en Californie (ouest des Etats-Unis), à bord d'une fusée Taurus XL, n'a pas atteint son orbite, a annoncé la Nasa.

Le vol s'est interrompu peu après le lancement, le module qui transportait le satellite n'ayant pas réussi à se séparer de la fusée.

«Après quelques minutes de vol, les responsables du lancement ont fait état d'un imprévu, lorsque le module n'a pas réussi à se séparer» de la fusée, a déclaré la Nasa dans un communiqué.

Le satellite, baptisé Orbiting Carbon Observatory (OCO), devait avoir pour mission d'étudier les émissions terrestres, d'origine humaine et naturelle, de dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique.

Il devait établir une carte de la distribution géographique des sources de CO2 et étudier leurs changements au cours du temps, permettant ainsi aux scientifiques d'affiner leurs prédictions sur les modifications du climat.

«Il s'agit d'une mission scientifique importante qui va pour la première fois fournir une image complète des émissions de CO2 émises par des activités humaines et des sources naturelles ainsi que des puits d'absorption de ce gaz sur la planète», avait expliqué lundi Ralph Basilio, responsable adjoint de ce projet au Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la Nasa, à Pasadena en Californie.

Depuis le début de la révolution industrielle il y a 200 ans, on estime que les activités humaines comme la combustion d'hydrocarbure et de charbon ont émis au total environ 200 milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère, dont la moitié environ a été absorbée par la végétation, notamment les forêts, ainsi que les océans.

Mais les scientifiques ne savent pas d'où proviennent exactement les 50% de CO2 restant dans l'atmosphère, a expliqué Ralph Basilio.

Le réseau de stations terrestres surveillant les émissions de CO2 est très insuffisant, ce qui fait qu'il est impossible de déterminer les sources d'émissions de ce gaz ainsi que les puits d'absorption en tous points de la planète sans un observatoire spatial, a-t-il précisé.

«Il est essentiel que nous comprenions bien les mécanismes contrôlant le CO2 dans notre atmosphère de manière à ce que nous puissions prédire le rythme de son accumulation», avait expliqué David Crisp, responsable scientifique de la mission OCO.

Pour Edwin Sheffner, un responsable du département des sciences de la Terre au Centre de recherche Ames de la Nasa, cette mission devait «fournir des informations permettant d'élaborer et de mettre en oeuvre des politiques nationales et des coopérations internationales pour mieux contrôler les émissions de CO2».

«OCO permettra d'améliorer les estimations annuelles de CO2 des pays industrialisés et de ceux avec de grandes forêts tropicales», avait-il relevé.