Spirit et Opportunity fêtent en ce mois de janvier leur cinquième anniversaire à la surface de la planète rouge, sur le passé de laquelle les deux robots américains ont grandement aidé à lever un coin du voile.

Les deux robots jumeaux, qui s'étaient posés à trois semaines d'intervalle sur la planète rouge en janvier 2004 pour des missions d'une longueur initialement prévue de seulement 90 jours, continuent pourtant vaillamment leur travail malgré les conditions extrêmes qui règnent sur Mars. «On avait dit au contribuable américain que la mission prévoyait une durée de vie de trois mois pour chacun des robots. Les jumeaux ont travaillé plus de 20 fois plus longtemps», s'est extasié Ed Weiler, un administrateur adjoint de l'agence spatiale américaine (NASA), cité dans un communiqué.

Les deux machines, qui se trouvent aux antipodes l'une de l'autre, ont depuis envoyé 250.000 images et 36 gigabytes de données, qui ont permis de se faire une meilleure idée de la géologie de la planète rouge et notamment son passé humide, même s'il faudra encore des années pour apprécier pleinement la richesse de la collecte.

En cinq ans, les machines ont aussi parcouru plus de 21 kilomètres, pilotées centimètre par centimètre du centre de contrôle sur Terre à des millions de kilomètres de là, pour éviter les multiples pièges de la surface de la planète rouge.

Le froid intense et la poussière, qui se dépose sur les panneaux solaires des deux machines et limite leur alimentation électrique, ont failli avoir raison de Spirit, le premier arrivé sur Mars, le 3 janvier 2004.

Ses panneaux, qui n'ont pas été nettoyés par les vents martiens depuis 18 mois, ont à peine fourni assez d'électricité pour qu'il survive à son troisième hiver dans l'hémisphère sud de Mars, qui s'est achevé le mois dernier, souligne la NASA.

Les batteries sont très sensibles aux cycles des températures et les hivers martiens sont très froids avec des températures de moins 100 degrés Celsius. Durant l'été, le thermomètre monte au maximum à plus 20 degrés Celsius.

Comme Spirit, Opportunity, qui s'est posé trois semaines après son jumeau, pourrait tomber en panne à chaque instant et mettre fin à l'une des missions martienne les plus fructueuses jamais entreprise par la NASA.

«Ces robots sont incroyablement résistants quand on pense aux conditions extrêmes auquelles les matériels sont soumis tous les jours», a souligné John Calas, responsable de la mission au Jet Propulsion Laboratory, qui se veut optimiste.

Une fois que Spirit aura repris des «forces», les ingénieurs du JPL comptent l'envoyer sur deux sites à 183 mètres de son lieu actuel vers ce qui pourrait être un cratère volcanique.

Opportunity pour sa part est en route vers le cratère Endeavour à 22 kilomètres du cratère Victoria, dont le robot est sorti il y a quatre mois, alors que l'équipe en charge de piloter la machine avait peur de ne jamais pouvoir y arriver.

«Nous plaçons la barre de plus en plus haut», s'extasie Frank Hartman, l'un des pilotes du JPL.

Le reponsable scientifique de la mission, Steve Squyres de l'université de Cornell voit dans la mission des deux robots bien plus que la collecte de données scientifiques.

«Ces voyages ont été motivés par la science, mais ils ont mené à quelque chose de tout aussi important. Il s'agit là de la première expédition par voie de terre sur une autre planète, de l'histoire de l'Humanité», a-t-il lancé.

«Quand les gens se pencheront sur cette période de l'exploration martienne dans les décennies à venir, l'importance de Spirit et Opportunity ne sera pas mesurée à l'aune de leur accomplissement scientifique, mais pour le fait que pour la première fois nous sommes réellement partis explorer la surface de Mars», a souligné M. Squyres.