Des chercheurs ont annoncé mardi aux États-Unis avoir mis au point une nouvelle méthode pour confirmer la présence d'énergie sombre dans l'univers, une force mystérieuse qui expliquerait l'accélération de l'expansion de l'univers malgré la force de la gravité.

Grâce aux observations effectuées par le télescope spatial de la NASA Chandra X-ray, les scientifiques estiment avoir obtenu une confirmation que l'univers est composé de matière et de plus de 70% d'énergie sombre ou noire («dark energy» en anglais), ont-ils indiqué lors d'une conférence de presse téléphonique.

L'équipe de chercheurs, menée par Alexey Vikhlinin, de l'Observatoire d'astrophysique Smithsonian, a étudié la croissance de la structure des amas massifs de galaxies, les plus gros objets présents dans l'univers.

«Ces travaux, qui ont pris des années, sont différents des autres méthodes de recherche de l'énergie sombre comme celles qui sont fondées sur (l'observation) des supernovas», des étoiles massives ayant atteint le stade ultime de leur évolution et qui explosent en un éclat lumineux très intense, ont expliqué les chercheurs.

«Ces nouveaux résultats fournissent un test indépendant crucial de l'existence de l'énergie sombre, longtemps recherché par les scientifiques», indiquent les chercheurs.

«Comme des arbitres de football, qui se placent à différents endroits du terrain pour être le plus précis possibles, nous essayons d'adopter la même approche dans nos études de l'énergie sombre», a expliqué M. Vikhlinin.

La nature de cette énergie sombre reste toutefois inconnue. La découverte de son existence en 1998 a donné un nouvel intérêt à la constante cosmologique d'Albert Einstein.

Einstein avait été le premier il y a un siècle à avancer l'hypothèse d'une force répulsive de l'espace pour tenter d'expliquer l'équilibre dans l'univers avec la force de la gravité. Sans une force contraire, la gravité aboutirait à une implosion de l'univers, avait alors théorisé le physicien qui avait ensuite abandonné cette thèse.

Selon les auteurs de l'étude à paraître dans l'édition du 10 février de l'Astrophysical Journal, leur recherche renforce l'idée que l'énergie sombre est bien la constante cosmologique d'Einstein.

«En assemblant toutes ces données, nous obtenons la preuve la plus sérieuse à ce jour que l'énergie sombre est la constante cosmologique», a dit M. Vikhlinin. «Il faudra beaucoup plus de vérifications, mais jusqu'ici la théorie d'Einstein paraît meilleure que jamais».

Concernant les conséquences à long terme sur l'univers, les chercheurs ont expliqué que «l'expansion se poursuivra pour toujours, mais ne produira probablement pas de Big Rip («Grande déchirure», hypothèse sur la fin de l'univers). C'est à dire que les galaxies proches vont disparaître de notre vue, mais que les structures formées par les amas de galaxies et notre propre galaxie ne seront pas déchirés, en tout cas pas dans un avenir proche».

Toutefois, ont plaisanté les chercheurs, c'est le bon moment pour financer la recherche sur la cosmologie «car à long terme, il n'y aura plus rien à observer».