La fusée Longue Marche II-F emportant le vaisseau spatial Shenzhou VII et trois taïkonautes, dont l'un réalisera la première sortie dans l'espace d'un Chinois, a décollé jeudi de la base spatiale de Jiuquan, dans le nord-ouest de la Chine, selon des images de la télévision.

La capsule Shenzhou -- littéralement «Vaisseau Divin» -- lancée de la base spatiale située dans le désert du Gansu, devait être placée en orbite à une altitude de 373 kilomètres.

La télévision a montré des images des trois taïkonautes faisant un signe de la main dans la capsule après le décollage qui s'est parfaitement déroulé.

Le lancement de cette mission spatiale, qui représente une indéniable opération de prestige pour la Chine un mois après ses jeux Olympiques réussis, a eu lieu en présence du président Hu Jintao et d'autres hauts dirigents chinois.

Zhai Zhigang, un colonel de l'Armée de l'air, doit réaliser la première sortie d'un taïkonaute chinois dans l'espace, cinq ans seulement après que la Chine a rejoint le club très fermé des puissances ayant envoyé un homme dans l'espace: l'ex-Union soviétique et les États-Unis.

Cette sortie extra véhiculaire, opération à haut risque, est prévue vendredi ou plus probablement samedi, et devrait durer une trentaine de minutes.

La mission, si elle réussit, rapprochera la Chine de son objectif de disposer d'un petit module orbital dans l'espace, puis plus tard d'une station. Le tout avec l'ambition d'envoyer un astronaute sur la Lune.

Le vol de Shenzhou VII doit durer 68 heures au total, et le retour sur Terre est prévu dimanche en Mongolie intérieure.

À quelques heures du lancement, le président Hu Jintao est allé sur la base souhaiter bon vent aux taïkonautes, qui effectuent tous les trois leur premier vol spatial et s'y préparent depuis plus de 10 ans.

«Cette mission Shenzhou VII est la deuxième étape de notre programme de vol habité avec la première sortie dans l'espace, vous porterez la première combinaison fabriquée par la Chine pour cette sortie», a-t-il poursuivi, au sujet de cette combinaison de 120 kilos qui demande un très haut niveau d'expertise technologique.

«Ce sera un important bond en avant pour la technologie spatiale chinoise», a ajouté M. Hu.

«Nous sommes confiants, déterminés et avons la capacité d'accomplir la première marche d'un Chinois dans l'espace», avait déclaré avant le décollage l'un des trois taïkonautes, tous des pilotes de l'Armée de l'air, Jing Haipeng.

L'expérience qui sera acquise lors de la sortie -- en terme de déplacement dans le vide et de maniement d'outils -- est essentielle pour la poursuite de l'ambitieux programme spatial chinois.

En 2005, deux ans après le premier vol habité chinois, Shenzhou VI avait effectué une mission de cinq jours avec à son bord deux taïkonautes, chargés de collecter des données sur les conditions de vie et de travail pour l'homme dans l'espace.

D'ici à 2010, deux vols non habités seront allés dans l'espace, ainsi qu'une mission de trois taïkonautes qui commenceront à travailler à l'installation d'un module orbital, selon le quotidien China Daily.

La mission Shenzhou VII n'est pas sans risque. «La procédure (de la sortie extra véhiculaire) ne peut pas être intégralement simulée à terre», a déclaré Wang Zhaoyao, porte-parole de la mission. «Certains des systèmes nouvellement développés doivent être testés pour la première fois lors du vol», a-t-il ajouté.

Les amoureux de l'espace ont convergé vers Jiuquan, dans la province rurale et reculée du Gansu, espérant être les témoins du prochain exploit chinois, qui va relancer le sentiment de fierté nationale parmi la population.

Le programme spatial chinois se singularise par son faible budget en comparaison de ceux, dans les années 60, des États-Unis --où la Nasa célèbre son 50e anniversaire-- et de l'URSS.

Les trois astronautes du vol Shenzhou VII

Les trois astronautes de la mission historique Shenzhou VII sont des pilotes militaires dont les seuls éléments biographiques connus sont ceux rapportés par les médias d'Etat, dont la ligne consiste à glorifier les héros de l'espace chinois.

Zhai Zhigang:

Zhai, né en octobre 1966, devrait être le premier Chinois à accomplir une sortie dans l'espace. Décrit comme introverti et loyal par ses proches, il vient d'une famille pauvre du Heiliongjiang, province de l'extrême Nord-est.

Son père fut cloué au lit pendant des années, laissant à sa mère la charge d'une famille de six enfants. Aussi Zhai écolier travailla-t-il en dehors des heures d'école pour gagner un peu d'argent.

Le jeune Zhai voulut abandonner ses études pour travailler à plein temps. Sa mère illettrée s'y opposa, soucieuse de voir chacun de ses six enfants recevoir une bonne éducation.

Devenu colonel de la force armée, Zhai figura au nombre des 12 hommes sélectionnés en janvier 1998 pour former le premier groupe d'astronautes chinois.

Il était déjà en lice pour un voyage spatial lors de la première mission Shenzhou V, puis à nouveau Shenzhou VI (2005), mais seulement comme remplaçant.

Zhai passe pour aimer la danse de salon, la calligraphie, et jouer à des jeux vidéos avec son fils.

Son épouse Zhang Shujing travaille au centre de recherche sur la nutrition des astronautes.

Liu Boming:

Liu, né en septembre 1966, pourrait être l'astronaute en soutien de Zhai pour la sortie dans l'espace. Enfant, son intelligence lui avait valu le surnom de «petit Zhuge», une allusion à Zhuge Liang (181-234), un haut dignitaire de la période des Trois Royaumes, considéré comme l'un des plus grands stratèges de l'Histoire chinoise.

Lui aussi issu d'une famille pauvre de six enfants (dont il est le deuxième), il s'engage pour ne plus être une charge financière pour ses proches.

Il a aussi en commun avec Zhai d'être originaire du Heilongjiang, et d'avoir fait partie des astronautes pionniers.

Liu était au nombre des membres de l'équipe de réserve pour Shenzhou VI.

Sa mère décéda d'une crise cardiaque alors qu'il s'entraînait pour Shenzhou V (2003). Selon son père, Liu dut entreprendre six mois de thérapie pour surmonter son chagrin.

Jing Haipeng:

Jing, comme Zhai né en octobre 1966, surnommé «l'ailier de fer» en raison de ses prouesses sur un terrain de basket-ball, avait tout d'abord échoué aux tests physiques de qualification pour entrer dans la force aérienne.

Mais Jing s'est entêté et ses efforts ont été couronnés de succès.

Un an avant de devenir astronaute (en 1998), le pilote de combat est devenu papa d'un bien-nommé Yufei -- Yu signifiant «espace» et Fei «voler».

Il faisait aussi partie de l'équipe de réserve de Shenzhou VI.