La rencontre annuelle des scientifiques spécialisés dans l'Arctique connaît des turbulences après que de jeunes chercheurs eurent publié une lettre pour critiquer une blague jugée sexiste racontée lors d'une soirée de gala de la conférence.

La blague a été faite mercredi lors d'un hommage au dirigeant nouvellement retraité d'ArcticNet, Martin Fortier, qui coordonne la recherche nordique au Canada.

Un francophone a raconté une blague dans laquelle il a utilisé le mot « sampled » (goûté) plutôt que « surveyed » (sondé) en parlant d'un groupe de scientifiques féminines.

La lettre, signée par 26 personnes, majoritairement des étudiants universitaires, avance que la blague jette de l'ombre sur la place occupée par les femmes en science.

« Des commentaires qui dépeignent les femmes comme un "buffet" qui peut être goûté sont profondément offensants », ont écrit les signataires.

Le conseil d'administration d'ArcticNet a présenté ses excuses, affirmant que la blague avait été dite sans le contexte, soit le fait que son sujet faisait souvent des erreurs non intentionnelles lorsqu'il parlait anglais, sa langue seconde.

« L'idée était de se moquer des fois où Martin s'est mal exprimé au fil des ans », a fait valoir le président de la Chaire de recherche du Canada en science du système arctique, David Barber, qui s'adressait au nom du conseil d'administration d'ArticNet.

L'animateur du gala a seulement voulu rappeler à l'audience une erreur d'anglais qu'avait fait Martin Fortier lors d'un événement, il y a plusieurs années, mais n'a pas précisé qu'il faisait allusion à une célèbre bourde de leur collègue, a dit M. Barber.

« Il prenait la parole à la fin d'un banquet et, en faisant quelques remarques au sujet du repas, il a dit qu'il avait "sampled" (goûté) à certaines femmes végétariennes pour s'assurer qu'elles étaient satisfaites des plats qu'elles avaient reçus », a-t-il raconté.

Dans la lettre de mercredi, les signataires notent par ailleurs que l'animateur de la soirée a également montré, pendant son allocution controversée, une photo sur laquelle un homme fait des gestes « inappropriés (et) explicitement sexuels ». Il aurait alors dit qu'il ne pouvait pas parler de l'habillement des femmes de la même façon que celui des hommes sans risquer de se faire traiter de misogyne.

« La banalisation de ces comportements dans un événement professionnel illustre la culture sexiste profondément (installée) dans ce domaine et dans cette organisation », plaide-t-on dans la lettre.

Le professeur émérite Frank Tesler dit s'être entretenu avec plusieurs femmes qui étaient présentes au gala avant de signer la missive dénonciatrice.

« Certaines d'entre elles étaient au bord des larmes », a-t-il dit.

M. Tester ne croit toutefois pas que le sexisme soit plus présent dans les milieux scientifiques étudiant l'Arctique que dans les autres champs d'expertise.

D'autres excuses étaient attendues lors de l'assemblée plénière de la conférence.