Des répliques, potentiellement très importantes, sont à prévoir au Népal dans les mois qui viennent, dans cette grande région marquée par la convergence de continents, où les sismologues attendent encore des « séismes majeurs ».

Les causes du séisme du 25 avril

Ce séisme de magnitude 7,8 a été provoqué par la rupture d'une grande faille, qui a généré des ondes d'autant plus fortes qu'elle s'est produite rapidement, en une centaine de secondes environ.

Cette faille est en fait un pan incliné long de quelque 150 km et large d'environ 50, allant jusqu'à 15-20 km de profondeur, qui est bloqué et se débloque par morceaux à chaque séisme.

La rupture a démarré au nord-ouest de Katmandou, puis s'est propagée vers l'est, sur une centaine de km.

Elle s'est produite à l'endroit où convergent deux plaques tectoniques bien connues des sismologues, celle qui porte l'Inde, au sud, et l'eurasienne, au nord, note l'Institut américain de géophysique (USGS).

« La plaque indienne remonte à une vitesse de l'ordre de 2 cm par an vis-à-vis du Tibet, et essaie de passer sous le plateau tibétain », explique Jérôme Vergne, sismologue à l'Observatoire des sciences de la terre de Strasbourg. « Or cette remontée ne se fait pas de manière continue, mais par saccades. Là on a eu une très grosse saccade, c'est-à-dire une rupture brutale de l'interface de la faille qui sépare ces deux plaques ».

Qu'attendre dans les jours, les mois à venir?

Il faudra s'attendre à des répliques dans les mois, « voire les années », qui viennent.

Le pan de faille ne s'est pas rompu de manière homogène, de petites zones peuvent encore générer des séismes.

« A priori la partie superficielle, au sud de Katmandou, n'a pas cassé, ce qui veut dire que la zone n'est pas complètement déverrouillée par ce séisme », explique Pascal Bernard, sismologue à l'Institut de Physique du globe de Paris, pour qui « dans les années qui viennent ce sera une période sensible ».

Les répliques devraient continuer, généralement en diminuant en nombre et intensité. « Mais on a observé dans le passé des répliques à forte magnitude, pouvant même aller jusqu'à la magnitude du choc principal », affirme M. Vergne, qui rappelle qu'une réplique de 6,7 comme celle de dimanche matin est un très fort séisme, « surtout dans une zone où les constructions ont été fragilisées par un premier choc ».

Ensuite, les failles se cimentent de nouveau, elles « oublient », et elles reprennent leur rythme, tandis que la compression des plaques se poursuit.

Peut-on craindre un « big one » plus fort encore?

Cette convergence de continents, à l'origine même de la chaîne de l'Himalaya, a créé une région où le risque sismique est l'un des plus forts au monde, dotée de failles colossales, avec de très longs plans inclinés pouvant créer de grandes zones de contact.

« À une échelle de quelques dizaines à quelques centaines d'années, on sait qu'il y aura de nouveau des séismes majeurs dans la zone himalayenne, qui pourraient même dépasser la magnitude de celui-ci », affirme M. Bernard.

La zone est comprimée, et se relâche par petits morceaux, qui impriment des contraintes de part et d'autre jusqu'à ce qu'au bout de quelques siècles ça finisse par casser. « Imaginez un élastique que vous tendez, il va finir par casser », explique M. Bernard.

Parmi les derniers très gros séismes enregistrés - participant au  rapprochement des plaques - figure celui qui avait frappé l'est de Katmandou en 1934. Le précédent dans cette zone remontait à 1255. En revanche la partie ouest du pays n'a pas connu de très forts séismes depuis 1505.

« On pense que les séismes peuvent être d'une magnitude supérieure à 8,5 voire 9, mais l'échelle de temps est mal connue à 200 ans près. Oui "le pire" est à venir, mais ça peut être dans quelques siècles. »